Tabac : les ventes de cigarettes ont encore chuté de 6,5 % en 2021

C'est pourtant la première année du quinquennat sans hausse de la fiscalité. Du fait du passage du paquet de cigarettes à plus de 10 euros, et en dépit de la crise du Covid, les ventes de tabac ont continûment baissé depuis 2017. Les marges de manoeuvre des fabricants ont rétréci.


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Carton plein pour le programme national de lutte contre le tabagisme. En 2021, les livraisons de tabac ont encore reculé de 6,2 %, après 1,3 % en 2020 et 6,6 % en 2019. Les ventes de cigarettes, en particulier, ont glissé de 6,5 % – soit 33,5 milliards de cigarettes livrées aux buralistes, au lieu de 35,8 en 2020. Un recul d’autant plus remarquable que cette année, pour la première fois depuis 2017, il n’y a pas eu d’augmentation de la fiscalité.

La dernière hausse est intervenue en novembre 2020, mettant un terme au programme en cinq étapes de relèvement du prix du paquet à 10 euros. Il avait été initié en 2017 par le Premier ministre Edouard Philippe et sa ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Aux yeux de Gérard Audureau, président de l’association DNF-Demain sera non-fumeur, « la réussite du programme national de lutte contre le tabagisme est complète ».

En cinq ans, les ventes de cigarettes ont chuté de 24,5 %, celles de tabac à rouler de 17,5 %, les cigares et cigarillos de 20 %.

Baisse des ventes et de la consommation

Ce n’était pourtant pas joué d’avance. En effet, les confinements successifs et surtout une plus grande étanchéité des frontières durant l’épidémie de Covid ont fait chuter les achats transfrontaliers, dopant d’autant les ventes des buralistes – en 2020, cela aurait fait rentrer 1,2 milliard d’euros de recettes fiscales supplémentaires . De plus, on pouvait s’attendre à ce que les Français anxieux s’accrochent au tabac pour surmonter la crise.

Cela a été un peu le cas, puisque la consommation a cessé de diminuer en 2020, et même montré des signes de reprise, avec 25,5 % des Français déclarant fumer tous les jours. « Mais au moins, la consommation n’a pas repris pendant la pandémie », estime Gérard Audureau. Dans le projet de budget 2022 de la Sécurité sociale, le gouvernement a inscrit 14,2 milliards de recettes des droits du tabac pour 2021, en baisse de 200 millions en raison de la fin du programme de hausse des prix et de la reprise des ventes transfrontalières. Pour 2022, elles descendraient à 13,7 milliards.

DNF a analysé les effets de la campagne de taxation. Le prix moyen du paquet de cigarettes est passé de 7,12 euros en novembre 2017 à 10,17 euros actuellement. Il s’est donc à peu près stabilisé au niveau atteint en novembre 2020. Au passage, les marges de manoeuvre commerciales des fabricants se sont considérablement réduites, puisque les achats se sont concentrés dans une fourchette de 70 centimes, de 9,90 à 10,60 euros.

Un espace commercial rétréci

Pour Gérard Audureau, c’est la preuve que la campagne a été « bien maîtrisée ». En actionnant de façon conjuguée les trois leviers fiscaux du prix du tabac, c’est un peu comme si l’on avait rétréci l’espace occupé par les produits du tabac : on a d’abord abaissé la hauteur sous plafond (minimum de perception), puis rapproché les deux murs (accise spécifique et accise ad valorem). Faute d’espace commercial, les industriels ont réduit de 800 à 300 le nombre de références proposées.

Certains cigarettiers ont mieux tiré leur épingle du jeu que d’autres. Japan Tobacco a réussi à accroître sa part de marché de 17 % à 24 % en cinq ans. British American Tobacco, qui avait cassé les prix la première année n’y a rien gagné et a donc fortement augmenté ses tarifs l’année suivante. En fin de compte, il perd plus de 2 points à 15 %. Seita a également perdu 5 points à 16,5 %. Philip Morris conserve sa place de leader à 44 %, en se maintenant dans le haut du marché autour de 10,50 euros par paquet.

Le boom du tabac chauffé et de la chicha

Néanmoins, le fabricant de Marlboro vient d’introduire trois nouveautés à 10 euros, revendiquant la mention de « fresh » avec l’ajout d’un adjuvant qui rappelle le goût (interdit dans le tabac) de la menthe. Même si ce sont des ventes anecdotiques, cela fait réagir Gérard Audureau, qui plaide pour « faire le paquet à 15 euros en 2025 », en suivant la même méthode progressive.

Par ailleurs, DNF demande une taxation plus agressive des produits du tabac de nouvelle génération, tels que la chicha (pour les narguilés) et le tabac chauffé. Les ventes de ces deux produits ont explosé de 32,4 % en 2021, et de… 245 % en cinq ans. Le Haut Conseil pour la santé publique vient par ailleurs de déconseiller le vapotage pour sevrer les fumeurs.


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