Sitôt prévenu par Elisabeth Borne mercredi, la veille du Conseil de défense sanitaire qui l’a confirmé, de la prolongation de la jauge en vigueur de télétravail , le patronat ne s’est par privé de faire connaître son agacement. Avec, pour chacune des trois organisations interprofessionnelles (Medef, CPME et U2P) le même plaidoyer : les employeurs jouant le jeu, le retour à l’incitation aurait été préférable. C’est ce qu’elles ont fait savoir à la ministre du Travail.
En vigueur depuis le 3 janvier pour freiner la déferlante Omicron, la jauge qui impose trois jours minimum par semaine et par salarié, quatre si possible, devait prendre fin le 23 janvier, c’est-à-dire ce dimanche. L’échéance approchant, et compte tenu du nombre de contaminations et d’hospitalisations encore très élevé, elle sera reculée au 2 février, et non plus le 6 comme envisagé au départ (à cette date, les entreprises négocieront de nouveau chacune leur jauge, a déclaré Jean Castex). D’autant que le télétravail n’a pas connu de net sursaut dans les entreprises privées depuis le début de l’année, a rappelé Elisabeth Borne. Bref, l’heure du relâchement n’est pas encore arrivée, a-t-elle insisté.
Lassitude généralisée
Les entreprises « se conformeront aux demandes du gouvernement », a réagi le Medef. Mais, a ajouté l’organisation dirigée par Geoffroy Roux de Bézieux, « elles regrettent cette décision qui va peser sur certains secteurs de l’économie et sur le moral des collaborateurs. Nous aurions préféré l’incitation à la contrainte ».
Même son de cloche du côté de la CPME. « On en reprend pour deux semaines alors qu’on aurait aimé passer de l’obligation à l’incitation. Nous sommes tous fatigués. Beaucoup d’employeurs cumulent les problèmes au sein de leurs effectifs : télétravail, cas positifs, problèmes à l’école », a réagi son président, François Asselin. Dont acte, a aussi fait savoir l’U2P, regrettant, une fois de plus, d’être prévenu un peu au dernier moment.
Les syndicats, eux, ont plutôt bien accueilli cette prolongation, à l’image de FO, quand bien même la lassitude des salariés est à son comble. « Tout doit être fait pour protéger leur santé », a rappelé son chef de file, Michel Beaugas, tant que l’on n’impose pas 100 % de télétravail.