« Une année qui pourrait être… qui devrait être… si… » Maniant les conditionnels et précautions d’usage, compte tenu du contexte sanitaire ou géopolitique notamment, le directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), Gilles Gateau, n’a pas caché son optimisme lundi : le nombre d’embauches de cadres est bien parti pour battre le record de 280.000 enregistré en 2019.
« Nous serons significativement au-dessus », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, renvoyant en avril et la publication d’un prochain baromètre pour avancer une fourchette.
Après le plongeon en 2020 du fait du Covid, cet appétit des entreprises pour les cadres se traduit par des offres d’emploi qui ont repris des couleurs depuis le milieu de l’année dernière . Le site de l’Apec, qui revendique 45 % du marché, en a recueilli 145.100 sur les trois derniers mois, un niveau jamais atteint, supérieur de 24 % à celui de la même période de 2019.
Même si la situation n’est pas la même selon les secteurs, « il y a clairement eu un effet de rattrapage », a décrypté Gilles Gateau. A telle enseigne que les effectifs de cadres en activité – estimés entre 4 et 4,5 millions – n’ont pas baissé, contrairement à ce qui a pu être anticipé à un moment par l’Insee (et ce qui aurait constitué une première depuis le début des années 1990).
Difficultés de recrutement croissantes
L’année 2022 démarre sans être perturbée par la cinquième vague , la confiance des entreprises sur l’évolution de leurs carnets de commandes restant très élevée. Las, elles doivent compter, comme pour l’ensemble du marché du travail, avec des difficultés à trouver des candidats qui vont croissant. « A ce niveau, on ne peut plus parler de tensions », souligne le DG de l’Apec.
Manque de profils disponibles, décalage par rapport aux attentes, concurrence entre recruteurs mais aussi revendications salariales… le panel des raisons est connu, chacune plus ou moins mise en avant. Il s’est installé dans le paysage au point qu’en 2021, un quart des entreprises qui projetaient des recrutements ont jeté l’éponge pour au moins un poste. Les autres ont dû revoir leurs exigences, en matière de compétences ou d’expérience recherchées.
Pour étoffer ses effectifs, les recruteurs peuvent se tourner du côté des plus de 55 ans, dont le taux de chômage reste élevé et qui constituent un réservoir de candidats important. A condition de changer de regard, ce que l’Apec s’efforce de leur conseiller, ce qui ne semble pas encore très concluant.
Séniors : idées reçues
Contrairement aux idées reçues, la majorité des plus de 110.000 chômeurs concernés, de longue durée pour la plupart, n’attendent pas tranquillement la retraite. Les deux-tiers, précisément, recherchent activement un emploi, quitte à faire des concessions pour cela, sur le salaire ou le type de contrat, montre une étude menée avec l’opérateur public.
Outre le problème du vivier, le marché de l’emploi des cadres se heurte à une autre tendance post-crise. La reprise étant très forte a placé les cadres en situation de force. Ils ont la bougeotte et n’hésitent pas à aller voir ailleurs, surtout les moins de 35 ans, ce qui oblige les employeurs à tout faire pour les fidéliser. A cela s’ajoute un désir de reconversion élevé de plus en plus tôt.
L’un dans l’autre, près d’un cadre sur cinq a quitté, de son plein gré, un CDI dans les deux années suivant la signature de son contrat, témoigne Gilles Gateau.