Les chômeurs de longue durée se sentent laissés-pour-compte

ATD Quart Monde, le Secours catholique, ou encore SNC ont recueilli les témoignages de ceux qui cumulent une longue période d'inactivité. Avec l'objectif de porter leurs voix dans le débat public en amont des élections présidentielle et législative.


A woman waits in the 'Pole Emploi' agency of Chateau-Gombert in Marseille, southern France, on December 14, 2020. (Photo by NICOLAS TUCAT / AFP)

Après une étude de Pôle emploi sur les cadres de plus de 55 ans , une autre publication vient éclairer une face moins souriante de la réalité du chômage, malgré la nette amélioration du marché du travail. Réalisée par un collectif d’une vingtaine d’associations d’aide aux plus précaires, parmi lesquelles ATD Quart Monde, le Secours catholique ou encore SNC, elle donne la parole aux à ceux qui ont perdu leur emploi depuis plus d’un an.

Le résultat, sous forme de livre blanc assorti d’une dizaine de propositions, a été présenté mardi « pour porter leurs voix dans le débat public en amont des élections présidentielle et législative de 2022 ». « La question du chômage est quasiment absente des débats actuels et quand on en parle, on en parle mal », estime Paul Israël, pour le Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs (CCSC Caritas France), membre du collectif.

Un mal-être profond

Sentiment d’inutilité, d’être mis dans des cases par des conseillers, de Pôle emploi notamment, en sous-effectifs et qui, trop souvent, savent mieux qu’eux ce qu’est leur réalité, en butte souvent à des problèmes financiers ou de santé, mal estimés par les Français … Les verbatims recueillis traduisent un mal-être profond nourri des faiblesses du système institutionnel de soutien et du manque d’emplois décents. Un cri du coeur s’en échappe : le refus de passer pour des assistés alors qu’ils démontrent une volonté de s’en sortir, associé à une forte demande de bienveillance.

« L’Apec, Pôle emploi, c’est toujours la même chose, les mêmes dispositifs, les mêmes réponses. Tout est aseptisé », peut-on lire, par exemple. Le chômage, et encore plus de longue durée, « entraîne aussi un nombre incalculable de démarches administratives […]. Se réorienter n’est pas facile […], et on a l’impression qu’on veut choisir à notre place », abonde un autre demandeur d’emploi.

Les recruteurs ? Ils « recherchent souvent la personne parfaite qui correspond à l’expérience dans le secteur, sur le même poste sans s’attacher aux compétences transférables », selon une opinion assez partagée. Quant aux formations censées aider à retrouver un travail, elles sont souvent imposées et, de toute façon, maintiennent ceux qui en bénéficient en bas de la pile.

Les pouvoirs publics sourds

Pour l’économiste et ancien président du Secours catholique, François Soulage, qui a piloté le collectif, tout cela serait à mettre sur le compte d’un désintérêt des pouvoirs publics. « Toutes les associations ont du mal à attirer leur attention sur les demandeurs d’emploi les plus éloignés du travail », déplore-t-il. La solution passera d’abord et avant tout, selon lui, par un changement de regard.

Face à ce constat, et notamment les critiques sur l’inaction de ses conseillers, le directeur général de Pôle emploi met en avant quelques chiffres. Depuis mai 2021, 230.000 des 1,5 million de chômeurs de longue durée ont retrouvé un travail, précise Jean Bassères. Le plan lancé par le gouvernement en fin d’année dernière a permis de recontacter quasiment tous les inscrits qui ont cumulé douze mois sans travail dans les quinze derniers mois. Près de 200.000 entrées en formation ou prestation d’accompagnement ont ensuite été enclenchées. Pôle emploi, ajoute-t-il, agit aussi sur les leviers transport et santé.


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