Et le métier de l’année est… comptable ! En tête des intentions d’embauches publiées fin 2021 sur Internet et recensées par Adecco Analytics, la compta, « là où tout commence et tout finit dans une entreprise », se confirme incontournable. Le prisme de l’observatoire du groupe Adecco balaye quotidiennement plus de 11 000 sites, de Pôle emploi aux jobboards, des fédérations professionnelles jusqu’à LinkedIn ou Leboncoin.fr. De quoi rendre une image non exhaustive mais très réaliste de la France du recrutement.
La pole position des comptables n’est pas forcément étonnante au sortir de deux années où il a fallu jongler entre chômage partiel, lancement puis fin des aides de l’État et autres activités en mode stop-and-go. À l’heure où les entreprises doivent prendre le train de la relance, la profession a de beaux jours devant elle, y compris sous des formes de services innovantes à travers le digital. Elle pourrait en inspirer d’autres par la capacité à se renouveler et se diversifier dont elle a fait preuve.
En deuxième et troisième positions des métiers les plus recherchés, le numérique et les services aux personnes. Là aussi, le lien avec la période marquée par le Covid que nous continuons de vivre est évident. Les services figurent également dans le trio de tête des secteurs où les offres sont les plus nombreuses, selon Adecco Analytics, encadrés par le commerce de détail et de gros.
Des indicateurs au vert, mais des difficultés à recruter
En partant de ces données et en les croisant avec les chiffres et analyses d’experts de Pôle emploi, nous sommes partis à la rencontre de ces entreprises qui cherchent à recruter, avec plus ou moins de bonheur. Car les bonnes nouvelles en tous genres qui se succèdent ces derniers jours — chiffres records avec 500 000 chômeurs en moins en 2021, annonce d’Alstom de recruter 7 500 personnes en 2022, pour n’en citer que deux… — ne doivent pas cacher le fait que la bataille reste à gagner. C’est le cas dans certains secteurs traditionnellement en difficulté pour trouver l’oiseau rare, comme le BTP ou les services à la personne, voire plus récemment apparus, tel le numérique et l’ascension fulgurante de ses besoins.
Notre enquête sur le marché de l’emploi et les opportunités qu’il offre pour l’année en cours confirme ce constat. Elle nous a conduits dans plusieurs régions, à la découverte de la « Bretagne Sailing Valley », où sont préparés les géants des mers en vue du futur Vendée Globe, jusqu’à Ikea et son tout prochain magasin sur la Côte d’Azur. De l’Île-de-France, où le redémarrage est plus lent que dans d’autres territoires mais au potentiel et aux besoins plus forts qu’ailleurs, à la Lorraine où une entreprise du numérique créée il y a tout juste dix ans va recruter 300 personnes d’un coup. Partout, des entreprises qui ont besoin d’embaucher pour atteindre leurs objectifs en 2022.
Bonne nouvelle : les professionnels dont nous avons recueilli les témoignages se déclarent conscients de la nécessité de valoriser concrètement leurs propositions. Une branche comme l’hôtellerie-restauration n’a plus le choix, à l’heure où la crise du Covid et l’arrêt net de l’activité pendant de longs mois ont provoqué les départs de nombreux candidats à la reconversion. « 34 000 personnes sortent de ce métier après cinq années de pratique », constatait récemment Thierry Marx, le chef emblématique de la gastronomie, dans une interview aux Échos…*
Des filières écolos en pleine expansion
Alors que le patron d’Adecco France, Alexandre Viros, évoque une évolution « d’un marché de l’emploi où on sélectionnait les candidats à un marché où il faut les séduire », la récente annonce d’une augmentation des salaires de 16 % ne sera pas de trop pour attirer du personnel dans les restaurants. Tout comme les primes de 4 000 et 7 000 euros proposées jusqu’à fin février aux infirmiers qui signent des contrats de six à neuf mois pour l’AP-HP.
Les opportunités d’emploi en 2022, ce sont aussi de nouvelles filières qui émergent ou musclent leur jeu. La multiplication des panneaux solaires dans le paysage de l’Hexagone ne se fait pas sans recherche, industrialisation et commercialisation. L’activité développée par les principaux acteurs du photovoltaïque en France — on en a recensé 250 — engendrera cette année des centaines de recrutements d’ingénieurs, d’installateurs et de prospecteurs sur le terrain. Un créneau à la fibre environnementale qui séduira forcément et surtout chez les jeunes.
Alors, 2022, année de l’emploi ? Année électorale en tout cas. Pour l’instant, le sujet ne semble pas une priorité parmi ceux évoqués par les candidats. Il est temps d’aborder la question.