Bonne nouvelle sur le front sanitaire : « L’élimination du VHC en France d’ici à 2025 est un objectif de santé publique ambitieux, mais atteignable », écrit Santé publique France ce lundi, dans un bulletin consacré à la lutte contre l’hépatite C (VHC) et l’hépatite B (VHB). Cela fait maintenant huit ans que les antiviraux à action directe ont révolutionné le traitement de l’hépatite C.
Ces traitements guérissent en quelques semaines plus de 95 % des personnes infectées. Ils réduisent le risque de complications – cirrhose, carcinome hépatocellulaire – et de décès, rappelle Santé publique France. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) en a tiré les conséquences en fixant un objectif d’éradication de l’hépatite C à l’horizon de 2030. En France, le plan « priorité prévention » de mars 2018 a mis la barre un peu plus haut, en visant 2025.
L’incidence et les hospitalisations se sont effondrées
A raison, car la France a été l’un des premiers pays à autoriser ces traitements très coûteux à l’origine. La Sécurité sociale a un peu tangué après avoir pris la décision de rembourser la pilule Sovaldi du laboratoire américain Gilead, en 2014. Mais le jeu en valait la chandelle, car l’incidence et les hospitalisations se sont effondrées.
Il y aurait actuellement en France 100.000 malades chroniques souffrant d’une hépatite C, à rapporter à 230.000 en 2004, et encore 190.000 en 2011. Cette statistique n’englobe pas toutes les personnes porteuses du virus, qui ne sont pas toujours malades, et pas forcément dépistées. Même chez les malades chroniques, une personne sur cinq ignore être infectée.
Sur quinze ans, la contribution de cette affection de longue durée aux hospitalisations a été divisée par quatre. Les traitements étaient déjà devenus plus efficaces avant 2014, permettant de faire passer de 0,45 % à 0,33 % la proportion de diagnostics VHC parmi les patients hospitalisés entre 2004 et 2011.
Ensuite, le mouvement s’est accéléré, surtout lorsque l’accès aux antiviraux a été complètement ouvert à partir de 2016. La part des diagnostics VHC a chuté à 0,10 % en 2020, ce qui signifie en clair que l’hépatite C chronique ne représente plus qu’une hospitalisation sur 1.000.
Les aléas du dépistage en temps de Covid
Il y a certes encore eu 220 décès à l’hôpital en 2020, mais la baisse en valeur absolue a atteint 58 % depuis 2005. Le taux de mortalité des personnes hospitalisées a paradoxalement crû, car les décès ont chuté moins vite que les hospitalisations.
Autre surprise, la proportion de cas compliqués (carcinome, cirrhose) parmi les personnes hospitalisées pour une hépatite C a eu tendance à croître sur quinze ans. Santé publique France pointe un « effet stock », et souligne que le nombre de patients avec une complication baisse de 15 à 20 % par an depuis 2016, probablement grâce aux antiviraux à action directe.
Maintenant, le principal risque de déraillement dans la stratégie d’élimination menée en France est lié à « l’incertitude sur l’usage du dépistage et sur son rendement depuis deux ans, en raison de l’épidémie de Covid », alerte Santé publique France. La pandémie « pèse fortement sur l’avenir de cette ambitieuse et prometteuse politique de santé publique ».