Une croissance qui ralentit un peu plus qu’anticipé en début d’année mais rebondit plus vivement que prévu au printemps, et surtout une inflation nettement plus élevée qu’attendu. Dans le contexte mouvant de ce début d’année, l’Insee a revu ce mardi ses prévisions de décembre.
L’institut de statistiques a, en fait, réévalué l’impact de la diffusion du variant Omicron sur l’activité. Les effets de la vague Omicron seront « circonscrits dans le temps », estime-t-il. Ils seront plus marqués que prévu cet hiver mais s’estomperont au deuxième trimestre. De ce fait, l’Insee table désormais sur une hausse du PIB de 0,3 % au premier trimestre et de 0,6 % au cours des trois mois suivants contre une progression de 0,4 % puis de 0,5 % prévue à la fin de l’an dernier.
Acquis de croissance plus élevé
Ce nouveau scénario assurerait un acquis de croissance à fin juin 2022 de 3,2 %, plus élevé que dans la précédente estimation (3 %). Le PIB français se situerait alors 1,8 % au-dessus de son niveau d’avant-crise, un écart lui aussi revu à la hausse de 0,4 point. La fin de l’année 2021 a été « un peu meilleure que ce qui était anticipé », explique l’Insee, avec des situations contrastées selon les secteurs.
Sans surprise, le commerce de détail, la restauration et surtout l’hébergement souffrent du regain de la pandémie. En ce début d’année, la consommation des ménages marque d’ailleurs le pas selon l’institut qui s’attend néanmoins à des effets de rattrapage entre avril et juin.
Hausse des produits alimentaires
La croissance française resterait donc solide en dépit d’une accélération de l’inflation. Ce mardi, l’Insee a également rehaussé ses prévisions sur l’évolution des prix. Selon ses nouvelles estimations, la hausse des prix à la consommation se maintiendrait entre 3 % et 3,5 % à horizon de la fin juin, alors que fin 2021, l’institut anticipait une stabilisation un peu au-dessus de 2,5 %. D’ores et déjà, en février, la hausse serait supérieure à 3 % (elle était de 2,9 % en janvier).
Face à la remontée des cours du pétrole provoquée par les tensions internationales, l’Insee a de fait modifié ses hypothèses de travail. Ses nouvelles projections sont établies sur la base d’un cours du Brent stabilisé à 90 dollars le baril, au lieu de 75 dollars.
En revanche, son analyse reste la même : la hausse des prix au cours des prochains mois résulterait toujours de deux mouvements contraires. D’un côté, l’inflation énergétique reculerait, les cours du Brent se figeant ; de l’autre, les prix des produits alimentaires et des biens manufacturés augmenteraient, le renchérissement inédit des coûts de production étant répercuté dans les prix de vente. Les produits alimentaires enregistreraient une progression des prix de 2,5 %, sur douze mois, en juin, selon l’Insee.
1 point d’inflation en moins grâce au « bouclier tarifaire »
Pour les ménages, l’impact de l’inflation irait donc bien au-delà de la seule facture d’énergie. Alors que le thème du pouvoir d’achat est déjà au coeur de la campagne présidentielle , l’institut statistique a évalué l’impact du « bouclier tarifaire » mis en place par l’exécutif pour contenir l’envolée des factures de gaz et d’électricité des Français. Selon ses calculs, sans ces mesures, la prévision d’inflation au mois de février aurait été au moins 1 point supérieure, soit autour de 4,3 %. « D’ici à la fin 2022, j’espère que l’étau se desserrera, mais pour l’instant nous avons une inflation élevée », a reconnu ce mardi, sur France Inter, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Auditionné en fin de journée par la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a cherché à rassurer : « Je garantis que nous, Banque centrale européenne et Banque de France, ferons ce qu’il faut pour que l’inflation revienne autour de 2% dans la durée, en zone euro et a fortiori en France» a-t-il affirmé. Selon lui, cela permettra de «conforter», dans l’Hexagone, les gains de pouvoir d’achat par habitant, estimés autour de 8% en cumulé sur la période 2015-2021.