Une intervention légitime, qui a mobilisé des moyens conséquents, sans équivalent dans des pays comparables, mais une intervention « parfois mal proportionnée » et dont le succès doit être « relativisé ». A la différence du gouvernement, qui en dresse un bilan sans tache, la Cour des comptes jette un regard plus nuancé sur le plan « 1 jeune 1 solution » dans son rapport annuel publié ce mercredi.
Le constat est d’autant plus intéressant qu’il est le premier de source indépendante et que les magistrats financiers viennent d’épingler les dispositifs d’insertion des moins de 26 ans , plus de cinq ans après un premier rapport critique .
Situation préservée
Annoncé le 23 juillet 2020, le plan « 1 jeune 1 solution » a rassemblé l’ensemble des mesures de l’exécutif pour éviter que la crise n’emporte les moins de 26 ans déjà handicapés par un taux de chômage élevé. Du fait de son ampleur (au moins 10 milliards pour 615.000 bénéficiaires l’année dernière), il faudra plusieurs années pour en mesurer l’effet précis d’autant que le rapport se base en partie sur des chiffres arrêtés en août 2021.
Il n’empêche, si l’on juge par le taux de chômage des 15-24 ans au troisième trimestre (20 %), en recul de 1,2 point par rapport à fin 2019, leur taux d’activité (41,1 %, +3,2 points) ou le pourcentage des « Neets » (11,6 %, -0,8 point), les jeunes ni en emploi ni en formation, la « situation de l’emploi des jeunes a été préservée », note la Cour des comptes.
Préservée, grâce « à une meilleure coordination des acteurs et une indéniable mobilisation de l’Etat et de ses partenaires » mais sans qu’il soit facile d’évaluer quel crédit en revient aux différentes mesures du plan « 1 jeune 1 solution ».
Il en va ainsi de l’aide à l’embauche d’apprentis, la plus chère. On lui doit en grande partie le record de contrats signés l’année dernière , mais surtout au bénéfice de diplômés (du supérieur, NDLR) dont l’insertion professionnelle n’est le plus souvent pas problématique. « L’effet net sur l’emploi en volume est donc vraisemblablement faible », estiment les rapporteurs, même si la forte progression avérée depuis dans les niveaux bac ou infra relativise le constat.
Efficacité des mesures coûteuses non avérée
Même conclusion pour ce qui est de l’aide à l’embauche classique des jeunes, comme l’avait déjà souligné le ministère du Travail. Ou encore des contrats aidés qui apportent une solution à quelques milliers d’entre eux, mais au prix d’effet d’aubaines qui restent à évaluer. Quant au surcroît d’entrées en Garantie jeunes, suivant des objectifs qui n’ont pas assez tenu compte des disparités territoriales, rien ne permet d’en conclure à une amélioration importante de l’insertion professionnelle.
« L’efficacité de certaines mesures sur l’emploi, notamment les plus coûteuses, n’est pas avérée », en conclut la Cour des comptes. Avant d’ajouter que le résultat observé est à mettre au moins autant au crédit des dispositifs de droit commun (activité partielle) et aux mesures situées hors du périmètre du ministère du Travail (service civique, places supplémentaires en établissements scolaires et universitaires).
En réponse, Matignon défend l’ampleur « exceptionnelle » du plan, basée sur une « palette de solutions » préexistantes par souci d’efficacité, dans un contexte « d’urgence et d’incertitudes majeures ». Avant de retourner l’argument du rapport : « particulièrement remarquable », l’augmentation du taux d’activité des jeunes et le taux d’emploi record sont à mettre au crédit du plan.