Au plus bas depuis… 2008. Conséquence de la très bonne tenue de l’économie, et donc des embauches , depuis la sortie du dernier confinement, le taux de chômage mesuré au sens du Bureau international du Travail, le BIT, est ressorti à 7,4 % de la population active en moyenne au quatrième trimestre 2021, selon l’insee. Soit une baisse de 0,6 point par rapport au troisième trimestre, après avoir stagné aux alentours de 8 % depuis le début de l’année dernière. Et même de 0,8 point par rapport à son niveau d’avant crise, fin 2019.
Cette baisse, deux fois plus forte que ce qu’anticipait l’Insee dans sa note de conjoncture de mi-décembre, représente un peu moins de 189.000 personnes pour en concerner, au total, 2,24 millions.
Chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail, Sylvain Larrieu y voit deux raisons d’ampleur comparable. Primo, les créations d’emploi, pour beaucoup portées par l’intérim, ont été plus élevées qu’attendu en fin d’année . Secundo, le taux d’activité a, comme prévu cette fois-ci, reflué modérément après avoir très fortement augmenté au troisième trimestre, sans qu’on puisse y voir autre chose qu’une simple fluctuation statistique. « La progression du taux d’activité reste très importante par rapport à avant la crise », souligne-t-il.
Le chômage des jeunes au plus bas depuis 1981
Les jeunes en ont particulièrement profité, avec un taux de chômage de 15,9 % (-3,6 points), « rejoignant ainsi les plus bas niveaux des cycles précédents à la fin des années 1980 et 1990 ». Précisément, il faut remonter à début 1981, au moment de l’élection de François Mitterrand, pour retrouver un point aussi bas, soit quarante ans en arrière !
Tout un symbole, quand on se souvient que l’ancien président socialiste avait estimé que sur le front du chômage « on avait tout essayé »… Le taux de chômage a par ailleurs diminué de 0,3 point pour les 25 à 49 ans, à 6,8 %, et il est resté stable pour les 50 ans ou plus, à 5,8 %.
« Excellente nouvelle »
Parmi les chômeurs, 0,7 million ont déclaré être sans emploi et en rechercher un depuis au moins un an. En baisse de 0,2 point par rapport au trimestre précédent, le taux de chômage de longue durée s’établit à 2,2 % et retrouve ainsi son niveau d’avant-crise.
Autre bon chiffre, le taux d’emploi des 15-64 ans continue de progresser : il a augmenté de 0,2 point en moyenne au quatrième trimestre, à 67,8 %, dépassant son plus haut niveau historique atteint au trimestre précédent , toujours selon l’Insee. La situation des 15-24 ans est particulièrement notable : à 33,8 %, il atteint son plus haut niveau depuis 1991.
La ministre du Travail, Elisabeth Borne, n’a évidemment pas boudé son plaisir, se félicitant d’une « excellente nouvelle pour tous les Français », fruit, selon elle, des réformes engagées depuis le début du quinquennat et des mesures prises durant la crise, plan « 1 jeune 1 solution » ou activité partielle notamment.
« Quand j’ai été nommée à l’été 2020, personne n’imaginait un tel résultat », a-t-elle souligné ce vendredi matin sur France Inter, rappelant, pour mieux souligner son bilan, que le taux de chômage avait explosé de 30 % durant la crise de 2008-2009. « Contrairement à ce que disent toutes les Cassandre, matin, midi et soir, l’économie française se porte très bien », a renchéri son homologue de Bercy, Bruno Le Maire, sur RTL.
La publication de ces chiffres rend de facto caduque la prévision de l’Insee du taux de chômage pour la première partie de 2022. Pour rappel, l’institut statistique national tablait jusque-là sur une baisse de 0,1 point sur les premier et deuxième trimestres, ce qui amenait à 7,6 % de la population active.
Contrecoup pas exclu
Il faudra attendre mi-mars et la prochaine note de conjoncture pour disposer de chiffres actualisés de l’Insee. Tout dépendra de la tenue de l’emploi, elle-même très liée à la situation sanitaire. Sachant, rappelle Sylvain Larrieu, qu’un contrecoup n’est pas exclu après une baisse brusque.
Quoi qu’il en soit, à l’heure du bilan, Emmanuel Macron, qui avait promis de se rapprocher des 7 %, peut mettre en avant le chemin parcouru puisque le taux de chômage était de 9,5 % lorsqu’il a été élu. Même si la définition du plein-emploi est sujette à débat entre économistes, ce sera assurément l’un des objectifs du prochain quinquennat.