Cette nouvelle péripétie ne va pas éclaircir les mystères, bien au contraire. Mazars a décidé de lâcher Donald Trump, dont les activités sont visées par des enquêtes de la procureure de New York. Et les raisons avancées par le cabinet français d’expertise comptable renforcent les soupçons qui pèsent sur la Trump Organization et sur l’ancien président américain lui-même.
Citant des conflits d’intérêts, Mazars a renoncé à être le comptable de la Trump Organization et a indiqué que les déclarations financières que Donald Trump lui a fournies pendant dix ans ne devaient pas être considérées comme fiables. « Nous sommes arrivés à cette conclusion sur la base, en partie, des documents déposés par le procureur général de New York le 18 janvier 2022, de notre propre enquête, et d’informations reçues en interne et de sources extérieures, a fait savoir le cabinet dans une lettre adressée au directeur juridique de la Trump Organization.
« Valorisations d’actifs frauduleuses »
Mazars précise ensuite : « Bien que nous n’ayons pas conclu que les différentes déclarations financières, dans leur ensemble, contiennent des anomalies, sur la base de toutes ces circonstances, nous pensons qu’il est approprié de vous conseiller de ne plus vous fier à ces documents. » Le cabinet a enfin indiqué que les seules missions qu’il n’avait pas achevées étaient les déclarations d’impôts de Donald et Melania Trump.
En agissant de la sorte, Mazars pourrait chercher à se couvrir alors que l’enquête de la procureure générale de New York, Letitia James, avance. Le mois dernier, son bureau a fait savoir qu’il avait trouvé des preuves « significatives » indiquant que « la Trump Organization a utilisé des valorisations d’actifs frauduleuses ou trompeuses pour obtenir une multitude d’avantages économiques. Notamment des prêts, une couverture d’assurance et des déductions fiscales. » Il a aussi pointé de nombreuses « déclarations et omissions trompeuses ». La procureure cherche désormais à entendre directement Donald Trump et son épouse.
Un rôle pour 2024 ?
L’impact de l’enquête de New York pourrait toutefois être limité pour Donald Trump. Il s’agit d’une enquête au civil, qui n’inclut donc pas de charges criminelles. L’ancien président ne risque donc pas, dans cette affaire, de peine de prison ou d’inéligibilité. En revanche, il pourrait être sanctionné financièrement et certaines de ses activités pourraient être restreintes dans l’Etat de New York. Et une autre enquête, menée par le procureur de Manhattan , pourrait, elle, déboucher sur des inculpations criminelles.
En attendant, Donald Trump se met en ordre de bataille pour 2024. S’il n’est pas officiellement candidat à la primaire républicaine, il multiplie les signaux et continue de jouer un rôle central dans la politique américaine.