Ukraine : Bruno Le Maire retropédale sur l’emploi du terme «guerre économique» avec la Russie

«Le terme de guerre utilisé ce matin sur FranceInfo était inapproprié et ne correspond pas à notre stratégie de désescalade», a regretté le ministre de l'Économie, mardi après-midi, alors que Moscou a vivement réagi à l'emploi de cette expression.


La France n’est finalement pas en «guerre économique» contre la Russie. Interrogé ce mardi matin sur FranceInfo, le ministre de l’Économie et des Finances déclarait que l’Union européenne allait livrer «une guerre économique et financière totale à la Russie» ainsi qu’à Vladimir Poutine. «Le peuple russe en paiera aussi les conséquences», ajoutait Bruno Le Maire.

Quelques heures plus tard, cependant, le patron de Bercy est revenu sur ses propos en les nuançant quelque peu, et en récusant le terme de «guerre économique». «Le terme de guerre utilisé ce matin sur France Info était inapproprié et ne correspond pas à notre stratégie de désescalade», a-t-il indiqué dans une déclaration transmise à l’AFP. Et d’ajouter que la France n’était «pas en conflit contre le peuple russe», ce que ce mot pouvait laisser entendre.

Dès le début de l’après-midi, l’analogie avait suscité l’ire de Moscou. Le vice-président du Conseil de sécurité de la Russie et ancien Président, Dmitri Medvedev, a répondu sur Twitter en français : «Un ministre français a dit aujourd’hui qu’ils nous avaient déclaré la guerre économique. Faites attention à votre discours, Messieurs ! Et n’oubliez pas que les guerres économiques dans l’histoire de l’humanité se sont souvent transformées en guerres réelles.»

Les mots forts du ministre français étaient également critiqués en France par certains observateurs, qui les jugeaient belliqueux. «Propos stupide et extrêmement dangereux», s’indignait sur Twitter la journaliste Aude Lancelin, quand le vice-président national des Républicains, Gilles Platret, critiquait la prise de position de Bruno Le Maire. «En diplomatie, chaque mot pèse une tonne. Opportuniste viscéral, M. Le Maire l’ignore ; il surfe sur l’instant et débite des sottises. Qui est-il pour dire au nom des Français que le but recherché est l’effondrement de la Russie ? Le but recherché est la libération de l’Ukraine», tonnait l’élu de Chalon-sur-Saône. Le ministre «gesticule» et engage la France «dans une escalade irréfléchie et dangereuse», écrivait de son côté l’eurodéputé Jerome Riviere (Reconquête).

Vers «l’effondrement de l’économie russe»

Mardi matin, Bruno Le Maire a aussi insisté sur la portée des sanctions économiques et financières contre la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine. «Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe (…) Nous irons jusqu’au bout. On veut cibler Vladimir Poutine, mais le peuple russe va souffrir aussi. On ne peut pas faire autrement», a déclaré mardi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Selon lui, ces sanctions sont «d’une efficacité redoutable. (…) On voit déjà les effets (des sanctions), le rouble a perdu 30%, les réserves russes fondent comme neige au soleil, la montée de l’inflation, les Russes faire la queue devant les banques».

«Le rapport de force économique et financier est totalement en faveur de l’Union européenne qui est en train de découvrir sa puissance économique. (…) Les États-Unis et l’Europe ensemble sont le continent économique et financier le plus puissant de la planète et ont un pouvoir d’action considérable», a averti le ministre.

Mesures à venir contre les oligarques présents en France

À ce titre, la France entend frapper les oligarques russes présents sur son territoire dont Bruno Le Maire ignore encore le nombre. «J’ai mis en place une task force pour repérer l’ensemble des oligarques russes, leurs biens, leurs avoirs qui se trouvent en France, au nom des oligarques, de leurs conjoints, de leurs enfants, de leurs sociétés civiles immobilières. Pour qu’ils ne puissent pas se dissimuler derrière des montages financiers. Nous sommes en train de travailler juridiquement avec la chancellerie pour que le gel devienne une saisie, nous allons toucher au cœur le pouvoir russe (…) Aucun oligarque ne passera entre les mailles de nos filets, c’est notre objectif», promet Bruno Le Maire.

Le ministre a également évoqué un renforcement possible des sanctions contre la Russie «si nécessaire», conjointement avec le gouvernement américain, tout en reconnaissant que ces sanctions auront des conséquences sur l’économie française et notamment les prix de l’énergie. «Les Français ont conscience que la liberté a un prix», a insisté Bruno Le Maire.

TotalEnergies et Engie

Interrogé sur la poursuite des activités des groupes Engie et TotalEnergies en Russie, Bruno Le Maire considère désormais qu’il y a «un problème de principe à travailler avec toute personnalité proche du pouvoir russe. Nous allons en discuter avec le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné, la directrice générale d’Engie Catherine MacGregor. Nous prendrons des décisions ensemble dans les jours qui viennent».


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