Depuis le début de l’assaut lancé par Vladimir Poutine contre l’Ukraine, Emmanuel Macron prévient que « cette crise majeure aura des conséquences sur nos vies, notre économie et notre sécurité ». Les Français en sont eux aussi déjà convaincus. Interrogés dimanche et lundi, au troisième et quatrième jour du conflit, près des trois quarts (72 %) d’entre eux pensent que l’impact sur l’économie française sera important, selon un sondage réalisé par Elabe pour « Les Echos », Radio Classique et l’Institut Montaigne.
Ces derniers sont tout à fait informés des conséquences possibles du conflit. « Et ils s’attendent à être touchés dans leur vie quotidienne », souligne Vincent Thibault, directeur des études d’Elabe.
De fait, la Russie produit 10 % du pétrole mondial et fournit 40 % du gaz naturel utilisé en Europe. Le bloc russo-ukrainien est également l’un des premiers exportateurs de céréales et d’engrais. Pour plus de huit sondés sur dix, la crise va entraîner une augmentation du prix du gaz (92 %), de l’essence (88 %) et des produits alimentaires (83 %), les retraités exprimant l’inquiétude la plus forte. La moitié des Français, en particulier les plus modestes, anticipe même des pénuries sur ces produits.
Un peu plus nuancés
Même s’ils savent qu’ils seront pénalisés, aux yeux d’une majorité de Français, les sanctions adoptées ce week-end par l’Union européenne et les Etats-Unis contre la Russie sont insuffisantes. 60 % des sondés considèrent qu’il faut frapper encore plus fort.
« On est dans un moment où l’émotion et la solidarité avec l’Ukraine sont plus fortes que la crainte de pâtir des conséquences du conflit. Il faudra suivre dans les semaines à venir comment l’opinion réagit aux hausses de prix », analyse Vincent Thibault.
Sur cette question des sanctions économiques infligées à la Russie, les sensibilités ne sont pas tout à fait les mêmes sur l’échiquier politique. Ainsi, les soutiens de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour se montrent un peu plus nuancés que le reste de la population. Seule une courte majorité d’entre eux (respectivement 54 % et 52 %) estime qu’il faut durcir les mesures contre Moscou. Les électeurs potentiels des candidats du Rassemblement national et de Reconquête sont aussi plus nombreux que dans les autres formations (6 à 10 points de plus que la moyenne) à juger que le blocus financier imposé par les pays occidentaux est excessif.
L’électorat de Jean-Luc Mélenchon est en revanche sans ambiguïté. Deux tiers des électeurs du candidat LFI en 2017 appellent à un renforcement des mesures contre la Russie.