« Cette guerre ne va pas être indolore, mais nous allons faire en sorte de protéger les Français ». Alors que les prix de l’essence à la pompe dépassent déjà 2 euros le litre dans certaines stations, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a indiqué ce vendredi que le gouvernement préparait aussi des mesures pour faire face à la flambée du coût des carburants, et pas seulement celui du gaz.
« Nous sommes en train de mettre en place un dispositif. [… ] Cela fait partie du fameux plan de résilience que le Premier ministre va annoncer la semaine prochaine », a-t-elle indiqué sur France Info, reconnaissant qu’« avec la guerre en Ukraine , la volatilité des prix s’est accélérée ». Ce dispositif pourra concerner « tous ceux qui sont touchés par cette hausse des prix, que ce soit les automobilistes, mais je pense aussi à certaines entreprises », a-t-elle expliqué.
Concertations en vue
Le gouvernement est ainsi en train de lister les acteurs économiques les plus menacés qui pourront bénéficier du plan de résilience. Un plan qui doit venir en aide aux ménages et aux entreprises impactées par la hausse des prix de l’énergie (des exploitations agricoles à de nombreux industriels), comme à celles qui exportent beaucoup vers la Russie (de l’aéronautique aux fabricants de tracteurs), ainsi qu’à celles dont les approvisionnements en matières premières et en intrants critiques doivent être sécurisés (par exemple, l’aéronautique qui a besoin de titane ou encore les agriculteurs d’engrais).
Ces secteurs ainsi que les partenaires sociaux vont être consultés par le Premier ministre, Jean Castex. Une concertation devra aussi se faire à l’échelle européenne. Elle devrait avoir lieu notamment dans le cadre du sommet informel de l’UE prévu les 10 et 11 mars à Versailles. Emmanuel Macron doit y réunir les chefs d’Etat et de gouvernement européens dans le cadre de la présidence tournante française . Les mesures sur le carburant seraient annoncées – en même temps que le plan de résilience – à l’issue de ces concertations.
« Soutien ciblé et massif »
Pour l’heure, « la forme que prendront ces mesures n’a pas encore été arbitrée et tout est sur la table. Mais, parmi les options envisagées, il y a une logique de ciblage sur les secteurs », indique-t-on dans l’entourage de Barbara Pompili. Certains professionnels sont particulièrement concernés (agriculteurs, pêcheurs, routiers, etc.) mais bénéficient déjà de taxes plus faibles. En novembre, le gouvernement avait opté pour une aide exceptionnelle et large avec l’« indemnité inflation » , pour soutenir une grande partie des Français (gagnant moins de 2.000 euros par mois) face à la montée des prix de l’énergie.
Le gouvernement martèle que ce plan de résilience n’aura rien à voir avec la réponse financière massive de l’Etat pendant la crise Covid. « Le quoi qu’il en coûte n’est pas la bonne solution face à la crise ukrainienne qui est une crise d’offre, c’est-à-dire une flambée du cours des matières premières. Ce serait alimenter l’augmentation des prix et de l’inflation », a estimé le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, lors de son passage au Salon de l’agriculture ce vendredi.
Selon lui, « la bonne réponse est d’apporter un soutien ciblé et massif aux secteurs qui en ont besoin quoi qu’il arrive ». « Quelle que soit la situation sur les prix de l’énergie, nous protégerons les secteurs qui sont les plus menacés », a-t-il assuré, évoquant « l’apport de fonds propres », comme « le besoin de prêts garantis par l’Etat plus longtemps » ou encore « le besoin de dispositifs spécifiques ».