Le gouvernement ne cesse de le répéter : la gestion de la crise économique provoquée par l’invasion de l’Ukraine ne sera pas un simple copier-coller du « quoi qu’il en coûte ». Et pourtant, une des mesures phares prises durant la crise sanitaire pourrait faire son retour : le chômage partiel. C’est ce qui ressort des demandes du patronat, alors que les filières industrielles impactées par la guerre en Ukraine et les partenaires sociaux ont été reçus ce mardi par le Premier ministre, Jean Castex .
Le fameux « plan de résilience » promis par Emmanuel Macron devrait émerger dans les prochains jours, sans doute en début de semaine prochaine. Comme le chef de l’Etat l’a dit lundi soir, un nouveau coup de pouce est en préparation pour les ménages , avant tout pour diminuer la facture acquittée pour les carburants. Cela pourrait passer à travers une nouvelle mouture de l’indemnité inflation ou un chèque carburant.
Choc pour les entreprises
Mais l’exécutif n’oublie pas non plus les entreprises, à nouveau confrontées à un choc extérieur d’ampleur après la crise sanitaire. Pour les secteurs les plus exposés aux hausses des prix de l’énergie, des mesures ciblées pour compenser cette flambée, mais aussi la recherche de sources alternatives d’approvisionnement font partie des pistes évoquées.
Mais le patronat demande également avec insistance d’user à nouveau d’un levier déjà éprouvé. « Le recours à une activité partielle renforcée pour des entreprises qui n’ont pas d’autres solutions pourrait être une solution », plaide Patrick Martin, président délégué du Medef. « Au-delà des prix de l’énergie, on entre dans une logique de pénurie et de rationnement qui pourrait justifier l’utilisation du chômage partiel pour les entreprises, notamment les plus importantes », renchérit un représentant du patronat.
Le spécialiste du pneumatique Michelin a déjà annoncé la semaine dernière des arrêts de travail pour une large part de ses usines en Europe , du fait de problèmes d’approvisionnement. « Ces problèmes d’approvisionnement pourraient également concerner le titane ou l’aluminium, ce qui touchera très directement les équipementiers automobiles réalisant les pots catalytiques par exemple », souligne Patrick Martin, qui cite également des effets pour le secteur agricole. De quoi alimenter l’idée que le dispositif dérogatoire de chômage partiel expérimenté durant la crise sanitaire pourrait à nouveau être utile.
Périmètre restreint
Du côté de l’exécutif, on ne ferme pas la porte à une telle éventualité. « Tous les outils sont sur la table, et c’est un outil qui a fonctionné », indique-t-on à Bercy, tout en insistant sur le fait que seront privilégiés « des dispositifs ciblés et efficaces ». Une orientation bien comprise par le Medef, partisan affirmé d’un redressement des comptes publics et de la fin du « quoi qu’il en coûte ». « Nous sommes conscients que le budget de l’Etat ne peut pas tout faire. Si cela est acté, il faudra définir des critères d’accès pour un tel dispositif qui ne concernera que quelques milliers d’entreprises, pas plus », estime Patrick Martin.
L’établissement de ces critères promet d’être compliqué, tant les situations sont disparates au sein d’un même secteur et alors que les effets en cascade sur plusieurs entreprises peuvent être difficiles à appréhender. Il reste aussi à voir quelles modalités techniques pourraient être les plus appropriées. Faut-il revenir, comme certains dans le patronat le réclament, au régime dérogatoire mis en place au plus fort de la crise qui prévoyait la prise en charge par l’Etat à 100 % des indemnités versées aux salariés placés en activité partielle (70 % du brut ou 84 % du net) ?
Ce mardi, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a évoqué une autre solution. « Des entreprises qui voient leur production arrêtée car un composant leur manque peuvent mobiliser de l’activité partielle de longue durée, c’est un outil qui peut protéger dans la durée les emplois », a-t-elle indiqué sur LCI. Créé après le premier confinement et nécessitant un accord collectif, ce dispositif laisse 15 % des indemnités à la charge de l’employeur.