Croissance : la Banque de France ajuste ses prévisions pour 2022

Les incertitudes causées par la guerre en Ukraine laissent déjà, selon la Banque de France, entrevoir un ralentissement de la croissance en 2022. Ses experts projettent un taux de croissance de 2,8 % dans un « scénario dégradé ».


A picture taken on January 15, 2020 shows the facade of the Banque de France building in Paris. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Moins de croissance et plus d’inflation. C’est ce que la guerre en Ukraine fait craindre pour cette année à la Banque de France, selon les nouvelles projections macroéconomiques établies par ses experts et dévoilées dimanche par son directeur général, Olivier Garnier. Dans un premier scénario, dit « conventionnel » et bâti sur des hypothèses figées au 28 février, soit avant que ne tombent les premières sanctions contre la Russie, la croissance atteindrait 3,4 % en 2022. C’est moins que les 3,6 % projetés en décembre dernier par la Banque de France . Mais c’est nettement plus que ce qu’un second scénario, dit « dégradé », laisse entrevoir. Dans ce cas, en effet, le PIB réel de la France progresserait de 2,8 %. Cette projection repose sur l’hypothèse d’un prix nettement plus élevé des énergies fossiles, dont dépend en partie la France vis-à-vis de la Russie : 119 dollars le baril de pétrole en moyenne sur l’année 2022 (contre 93 dollars dans le scénario conventionnel) et 181 euros le megawatt/heure pour le gaz.

Un choc d’inflation

Côté inflation, la Banque de France évalue à 3,7 % l’indice des prix à la consommation dans la meilleure hypothèse. Dans le « scénario dégradé », la hausse des prix en 2022 pourrait atteindre 4,4 %. Un choc d’inflation très largement imputable au renchérissement du coût de l’énergie et des matières premières alimentaires, comme le blé dont la Russie et l’Ukraine assurent le tiers des exportations mondiales.

Lorsqu’elle en fait abstraction, la prévision de la Banque de la France pour cette année chiffre la hausse des prix entre 2,5 % (scénario conventionnel) et 2,7 % (scénario dégradé). Une fourchette très resserrée, mais aussi très hypothétique compte tenu des mouvements erratiques observés sur les marchés énergétiques, comme celui du gaz.

Dans ces conditions, il est encore difficile de dire lequel des deux scénarios est le plus probable. Les experts de la Banque de France ne s’y hasardent pas, compte tenu d’un certain nombre d’autres inconnues. Un embargo sur les importations d’énergie ne figure pas dans les hypothèses qu’ils ont retenues. Leurs scénarios n’intègrent pas non plus la remise de 15 centimes par litre de carburant, qui vient d’être annoncée par le Premier ministre, Jean Castex.

L’effet du bouclier tarifaire

Par la force des choses, les projections de la Banque de France ne peuvent pas davantage prendre en compte les mesures du plan de résilience que le gouvernement s’apprête à dévoiler. En revanche, la Banque de France a eu le temps d’inclure dans ses données les dispositions du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie, gaz et électricité. Un paramètre déterminant qui, selon Olivier Garnier, permet d’expliquer largement pourquoi l’inflation française reste, actuellement, moins élevée que la moyenne de la zone euro (4,1 % en février pour la France contre 5,8 % pour la zone euro).

Au-delà des incertitudes sur 2022, les projections de la Banque de France sont peu encourageantes pour les deux prochaines années. Selon les scénarios, la croissance du PIB varierait ainsi entre 1,4 % et 1,1 % en 2024, et l’inflation entre 1,7 % et 1,5 %.


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