Même si une décrue est attendue dans les prochains jours, le prix à la pompe des carburants reste le sujet brûlant du moment. Alors que l’exécutif a déjà annoncé une remise de 15 centimes par litre pour tous les Français à partir du 1er avril , le patronat veut montrer qu’il ne reste pas inactif en proposant un système de chèque carburant défiscalisé.
« Ce que nous demandons, c’est un système défiscalisé sur une base volontaire (….), avec un chèque carburant ou une prime pour les employés de la part des entreprises, a expliqué ce mardi Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, sur RMC/BFMTV . Il y a des gens pour qui ça coûte cher d’aller travailler aujourd’hui », a reconnu le dirigeant patronal.
Dispositif volontaire
Dans l’esprit du Medef, il s’agit de mettre en place un dispositif qui serait actionné par les entreprises sur la base du volontariat : celles-ci pourraient distribuer une indemnité pour couvrir le renchérissement des frais pour les salariés gros rouleurs. « Ceux qui conduisent 40 ou 50 km par jour pour se rendre à leur travail par exemple », explique-t-on à l’organisation patronale. Et l’Etat s’engagerait à exclure ce chèque du calcul de l’impôt sur le revenu.
Dans le même ordre d’idées, Geoffroy Roux de Bézieux a estimé que la ristourne de 5 centimes par litre réclamée par le Premier ministre Jean Castex aux distributeurs de carburants et aux groupes pétroliers « peut faire partie des mesures de solidarité » nécessaires en cette période. En revanche, il rejette l’option d’une taxe exceptionnelle sur les groupes d’énergie , au prétexte qu’un groupe comme Total payera mécaniquement plus d’impôts avec l’augmentation de ses profits.
Des réponses seront sans doute données par le gouvernement ce mercredi, lors de la présentation dans l’après midi par Jean Castex du plan de résilience promis par l’exécutif pour faire face aux conséquences économiques de l’invasion russe de l’Ukraine. Celui-ci sera en grande partie tourné vers les entreprises, pour aider celles touchées par la flambée de l’énergie mais aussi celles subissant des problèmes d’approvisionnements pour certaines matières premières.
Retour du chômage partiel
« Nous ne sommes pas dans une logique de demander une nouvelle fois le « quoi qu’il en coûte », il faut des dispositifs ciblés », a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux. Ce dernier a redit le souhait du patronat de « remettre le chômage partiel pour les entreprises qui sont arrêtées », semblable à ce qui se faisait pendant la crise sanitaire. Il s’agirait alors de laisser un reste à charge pour les entreprises de 15 % des indemnités versées aux salariés placés en activité partielle, l’Etat assurant le financement de l’essentiel.
« Une telle mesure doit faire l’objet d’un ciblage plutôt fin, plutôt en faveur de secteur comme l’aéronautique ou l’automobile touchés par la pénurie de certains intrants (noir de carbone pour les pneus, aluminium, titane, palladium etc.) », explique-t-on au Medef, où l’on note également « des tensions sur les stocks de briques pour le secteur du BTP, ce qui peut conduire à des arrêts de chantiers ».
Le Medef demande également un nouveau délai pour le remboursement des prêts garantis par l’Etat contractés par les entreprises durant la crise sanitaire. « Les entreprises à l’arrêt trois mois car elles ne reçoivent pas d’intrants, elles ne pourront pas rembourser », estime Geoffroy Roux de Bézieux.