Rien de tel que la croissance pour redresser les finances publiques. Le gouvernement en a fait à nouveau l’expérience en arrêtant les comptes définitifs de la Sécurité sociale pour 2021. Le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, en a donné la primeur à la commission des Affaires sociales du Sénat, qui l’a auditionné ce mardi après-midi. Le déficit pour 2021, attendu à 33,5 milliards d’euros , s’est finalement établi à 24,6 milliards d’euros, a-t-il révélé.
Cela demeure un très gros trou, mais l’amélioration est considérable : 8,9 milliards de mieux par rapport à la prévision et une résorption de 14,1 milliard par rapport à 2020. Pour rappel, l’année du choc du Covid, le régime général et le fonds de solidarité vieillesse avaient enregistré un déficit sans précédent de 38,7 milliards d’euros. La Sécurité sociale a pleinement joué son rôle d’«amortisseur» de crise, a souligné Olivier Dussopt.
Le rebond de 2021 ne s’explique pas par la baisse des dépenses, qui, au contraire, ont continué de s’alourdir de 5,6% par rapport à 2020, du fait de la crise sanitaire. Les dépenses d’assurance-maladie ont été supérieures de 700 millions d’euros à l’objectif, atteignant 239,5 milliards.
Des recettes en hausse de près de 10%
Ce sont les recettes qui ont bondi, en hausse de 9,7%. Elles ont été portées par une reprise économique vigoureuse l’année dernière. La croissance du PIB a finalement atteint 7%. La masse salariale du secteur privé a crû de 8,9% au lieu de 7,2% prévu, soit 3,9 milliards de recettes imprévues dans les caisses des organismes de Sécurité sociale.
Les recettes fiscales ont aussi crû de 1,5 milliard, et les recettes sur les travailleurs indépendants de 1 milliard.
L’amélioration du solde 2021 «pourrait avoir un effet positif pour 2022 », a reconnu Olivier Dussopt, sans se prononcer sur un chiffre en raison des «incertitudes macroéconomiques», et du «niveau des dépenses Covid».
Le ministre a réaffirmé qu’il ne souhaitait pas divertir une partie des ressources de la Caisse d’amortissement de la dette sociale pour équilibrer les comptes courant de la Sécurité sociale, contrairement à ce que propose le Haut conseil pour le financement de la protection sociale . Il s’est également opposé à une augmentation des cotisations, car cela «tue la croissance et augmente les déficits».
Les comptes devront être redressés «à moyen terme», mais cela passe selon lui par «des réformes structurelles» pour «poursuivre l’accroissement du potentiel de croissance» – il a cité la réforme des retraites. Cela passe aussi par une «rénovation de la régulation des dépenses de l’assurance-maladie» et par «de nouveaux outils de gouvernance des finances sociales», pluriannuels, comme le permet le vote de la loi organique du 9 février.