Vieillissement : l’adaptation du système social entravée par le report des réformes

L'AUDIT DE LA FRANCE. Emmanuel Macron a renoncé à son projet de système universel de retraite. La réforme du grand âge a pâti de décalages répétés du calendrier. La France a du retard à rattraper face au défi du vieillissement.


Cinq années de vaines tentatives, cinq années pour agir ? Le candidat Macron a commencé à remettre sur le métier les réformes des retraites et de la dépendance qu’il a lancées puis abandonnées en tant que président de la République. Elles paraissent plus incontournables que jamais, avec le retard accumulé.

La réforme des retraites vise désormais des objectifs financiers : contraindre les Français à travailler plus longtemps, jusqu’à 65 ans, afin de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Les économies dégagées par cette réforme, censée intervenir très rapidement si Emmanuel Macron est réélu, devront financer (entre autres) la réforme du grand âge.

Cette dernière aurait dû préparer la société au vieillissement. Elle va aussi devoir « réparer » un secteur cabossé. En effet, l’exécutif pouvait encore faire des ronds de jambe en 2021 , mais l’affaire Orpea survenue fin janvier a dramatisé la situation, posant une lumière crue sur la déliquescence du système de prise en charge des personnes dépendantes.

Un démarrage tardif et des atermoiements

Bien sûr, l’éclatement de la crise du Covid en mars 2020 a justifié l’évaporation de ces deux réformes majeures. Mais d’autres facteurs y ont contribué. Concernant les retraites, le Macron de 2017 s’est mépris sur le diagnostic, et a péché par optimisme. Cela a entraîné un démarrage tardif des travaux et des atermoiements, en partie dus aux dissensions au sein du gouvernement.

Emmanuel Macron avait en effet promis de ne pas toucher aux pensions ou à l’âge de départ, car le système paraissait proche de l’équilibre. Mais immédiatement après son élection, les perspectives financières se sont dégradées. Dès lors, une tension s’est installée sur le dosage des mesures d’économies (le « paramétrique ») versus le projet initial de régime universel (le « systémique »). Les différends ont également porté sur la durée de la transition.

Minimum revalorisé, pensions gelées

En fin de compte, le système universel de retraite censé être plus équitable et plus lisible n’a pas vu le jour. Il n’est plus question de compter les cotisations en points, d’instaurer un système universel intégrant les 42 régimes actuels, d’appliquer une « règle d’or » pour équilibrer les comptes sur la durée ou bien de revaloriser les pensions en suivant les salaires. La France continue ainsi de se distinguer avec un système complexe, avec des âges de départ très variables selon les régimes et les situations personnelles.

Même si quelques paramètres ont été ajustés, tels que la hausse de 100 euros du minimum vieillesse des assurés qui ont peu ou pas travaillé. A 917 euros, il talonne la pension minimum des actifs . Rien d’étonnant à ce que le candidat de 2022 propose de porter cette dernière à 1.100 euros, lui qui veut que « le travail paie ».

A la baisse, les pensions ont été partiellement gelées – avec un début de marche arrière suite à la crise des « gilets jaunes ». Selon l’Institut Montaigne, en moyenne, sur les cinq dernières années, les pensions de moins de 2.000 euros ont été revalorisées à 60 % de l’inflation, et les pensions plus élevées à 40 %.

Une fenêtre de tir manquée en 2019

A la différence des retraites, la réforme du grand âge n’était pas dans le programme de 2017. Elle a été lancée après l’éclatement d’une première crise dans les Ehpad en 2018, qui a suscité un plan d’urgence et une vaste concertation suivie d’un rapport. Les travaux de la mission Libault ont débouché en mars 2019 sur des propositions ambitieuses qui auraient pu être actionnées dans une étroite fenêtre de tir, avant la crise du Covid : 80.000 recrutements en cinq ans, revalorisations, baisse du reste à charge des retraités modestes, gouvernance.

Il fallait trouver 6,2 milliards à horizon 2024, mais justement la Sécurité sociale était attendue à l’équilibre ou presque, et il était envisagé de prolonger la durée de vie de la Caisse d’amortissement de la dette sociale pour dégager des financements.

Las, un an plus tard, aucun projet de loi n’avait été présenté, et la crise sanitaire éclatait. Un cadre a cependant été posé avec la création de la branche Autonomie de la Sécurité sociale en août 2020, qui bénéficiera de 2,3 milliards de CSG supplémentaires à partir de 2024. De plus, les salaires ont été revalorisés via le Ségur de la santé, avec un tarif national plancher pour les aides à domicile.

Il y a encore du pain sur la planche pour former et recruter du personnel. Il faudra aussi sortir du « tout-Ehpad », un modèle trop fermé et qui fait peur aux familles. Et bien sûr, assurer la soutenabilité financière de la prise en charge. Peu de solutions consensuelles émergent à ce stade.


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