C’est la préoccupation première des Français. C’est pourquoi le pouvoir d’achat occupe une place particulière dans le bilan de chaque quinquennat. Celui qui s’achèvera le mois prochain a obtenu des résultats très honorables en la matière, selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée ce jeudi.
Entre 2017 et 2021, le pouvoir d’achat par unité de consommation – c’est-à-dire en fonction du nombre de personnes constituant un ménage, ainsi que de leur âge – a grimpé de 0,9 % par an, ce qui représente environ 300 euros de plus chaque année, selon l’institut.
« C’est une progression supérieure à celle des deux derniers mandats présidentiels », note Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Evidemment, tout n’est pas dû au gouvernement en place. La conjoncture internationale a également joué. Mais les décisions politiques aussi.
Un million de créations d’emplois
D’abord, l’emploi a beaucoup progressé depuis 2017. Entre la fin 2017 et la fin 2021, plus d’un million d’emplois ont été créés. Ce qui a concouru à augmenter le pouvoir d’achat des ménages. Ensuite, les mesures fiscales et sociales ont aussi joué, selon l’OFCE. Les baisses de cotisations sociales, la fin de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, la hausse de la prime d’activité , la revalorisation du RSA puis plus récemment le chèque énergie et l’indemnité inflation : toutes ces mesures ont généré un gain de près de 120 euros par unité de consommation. Ce sont les classes moyennes qui ont le plus profité de ces réformes, avec des gains de pouvoir d’achat supérieurs à 7 % sur cinq ans.
Certes, ces chiffres sont des moyennes et peuvent cacher de fortes disparités entre les Français. Mais l’OFCE montre que, si le niveau de vie des 10 % des Français les plus aisés a augmenté de 3,2 % sur le quinquennat, celui des 10 % les plus modestes a aussi grimpé, de l’ordre de 5,7 % après prise en compte de la réforme de l’assurance chômage qui a amputé une partie de leur revenu.
Avec tout de même un bémol, quand on rapporte ces chiffres non pas en pourcentage mais en euros, le paysage est nettement différent. Les 10 % les plus riches ont vu leur niveau de vie grimper de 2.600 euros par unité de consommation au cours du quinquennat alors que celui des plus pauvres n’a progressé que de 600 euros. Les inégalités ont donc augmenté mais le niveau de vie de chacune des catégories s’est amélioré.
Deux crises à affronter
Une des explications de cette progression du pouvoir d’achat est à chercher du côté des difficultés rencontrées par Emmanuel Macron. Son quinquennat a été caractérisé par deux crises : les « gilets jaunes » et le Covid. C’est sous la pression de la première, des manifestations les samedis dans les grandes villes du pays et de l’occupation des ronds-points, que le gouvernement s’est résolu à renforcer des mesures favorables au pouvoir d’achat. Et c’est suite à la seconde, la pandémie, que le « quoi qu’il en coûte » a été mis en place pour, notamment, protéger le porte-monnaie des Français.
Cette tendance a une autre face : les gains de pouvoir d’achat ont été permis par une dégradation notable de l’état des finances publiques. Le déficit public a augmenté « de 2,2 points de PIB entre le deuxième trimestre 2017 et la fin 2021 », souligne Mathieu Plane. Et la dette publique s’est envolée de quasiment 20 points de PIB.
Avec une interrogation pour la suite : la guerre en Ukraine et la hausse des prix des matières premières relancent l’inflation qui devrait atteindre 4,5 % sur un an au deuxième trimestre selon l’Insee. Pas sûr, donc, que la performance des cinq dernières années en matière de pouvoir d’achat puisse être réalisée dans les cinq prochaines même avec les remises sur le prix des carburants.