La réforme des retraites sera dure, mais il y aura des contreparties. Présentant son programme pour un éventuel second quinquennat, Emmanuel Macron a confirmé jeudi sa volonté d’ augmenter « progressivement » l’âge légal de la retraite, pour le porter à 65 ans . Le candidat a également évoqué des mesures plus douces aux oreilles des Français, qui n’ont pas envie de « travailler plus longtemps ».
Cette réforme ferait l’objet d’une concertation avec les partenaires sociaux dès son accession au pouvoir, et serait soumise au vote du Parlement à la fin de l’été. « Je ne procéderai pas par ordonnance », a-t-il garanti.
Sa conversion à la retraite à 65 ans, soit une hausse de trois ans, s’explique par la dégradation des perspectives financières du système de retraite , a-t-il expliqué. « Je tire les enseignements de ce qui n’avait pas été compris », a-t-il ajouté
Le rythme de la transition, a priori « 4 mois par an », « sera un élément du débat et de la concertation ». Les 65 ans s’appliqueraient dès lors pleinement à la génération née en 1969, a-t-il précisé. Cependant, il a évoqué « un levier » de négociation, si les partenaires sociaux voulaient « aller plus vite sur les 1.100 euros ».
Un cumul emploi-retraite plus incitatif
Emmanuel Macron a en effet confirmé qu’il comptait passer le minimum de pension à 1.100 euros mensuels (a priori, pour les travailleurs ayant effectué une carrière complète), mais sans donner d’horizon temporel. Un gros tiers des ex-salariés du privé touchent le minimum contributif ; ce serait donc un geste très apprécié.
Parmi les contreparties, Emmanuel Macron a aussi évoqué le cumul emploi-retraite : « Nous simplifierons le mécanisme de départ », et nous le rendrons « plus incitatif », a-t-il déclaré. Les assurés sociaux qui choisissent de reprendre une activité après avoir liquidé leurs droits vont ainsi pouvoir acquérir des droits supplémentaires.
Actuellement, c’est possible dans le cadre de la retraite progressive, car on ne liquide qu’une partie de ses droits, mais pas dans le cadre du cumul emploi-retraite. A l’avenir, un septuagénaire pourrait reprendre du service pour quelques années et arrondir sa pension pour les années suivantes. Ce bonus financier devrait remettre sur le marché du travail nombre de consultants, ingénieurs, techniciens industriels ou médecins pas trop usés par l’âge et dont les compétences sont recherchées.
Repenser les carrières longues
Emmanuel Macron a également expliqué que tous les Français ne seront pas contraints d’attendre 65 ans pour demander leur retraite. Il a cité les catégories actives ou le handicap, avec des départs à 55 ans. Le président-candidat veut « repenser les carrières longues » et « regarder la réalité des métiers et des tâches de la façon la plus individuelle possible ».
Les « carrières longues », c’est-à-dire les assurés qui ont commencé à travailler avant l’âge de 20 ans et qui peuvent partir à 60 ans, devraient attendre 62 ans. Même tarif pour l’invalidité et la « pénibilité » – un dispositif cher à la CFDT mais jugé trop complexe, que les proches d’Emmanuel Macron évitent soigneusement de citer.
Le candidat, qui veut « mobiliser toutes les branches » contre le chômage des seniors, a certainement mis du baume au coeur des partenaires sociaux qui gèrent ces dernières. Il a en effet évoqué la réforme d’après. Sous « huit-dix ans », il s’agirait d’aller « dans la durée, par la concertation », vers « un système totalement universel porté par les partenaires sociaux, qui s’autorégule, sur le modèle de l’Agirc-Arrco ». Très loin du projet de 2020, qui réduisait le rôle des syndicats et du patronat à la portion congrue.