2022, année de tous les records ? Si l’on met de côté les conséquences de la guerre en Ukraine qui n’avait pas commencé au moment de l’enquête, c’est ce que projettent Pôle emploi et le Crédoc dans leur baromètre annuel des besoins en main-d’oeuvre des entreprises. Réalisé d’octobre à décembre et rendu public mardi, il anticipe un volume « inédit » d’intentions d’embauche pour l’année en cours : un peu plus de 3 millions, soit 323.000 de plus qu’en 2021 (+12 %).
« La barre des 3 millions serait franchie pour la première fois », a souligné le directeur des études et de la performance de l’opérateur public, Stéphane Ducatez, lors de présentation du baromètre. Ce dernier met en avant trois autres records potentiels : le taux d’embauches durables (CDI ou CDD de plus six mois) ressortirait à 71 %, soit 7 points supplémentaires ; à 54,5 %, la part des CDI dans les projets de recrutement prendrait 12 points en un an et la proportion des entreprises qui se déclarent prêtes à étoffer leurs effectifs bondirait d’un quart à un tiers.
Marché du travail « très dynamique »
Signe que l’optimisme n’est pas déplacé, les offres de travail déposées sur le site de Pôle emploi fin mars (qui agrège celles de nombreux autres sites) restent au plus haut. « C’est le signe d’un marché du travail qui reste très dynamique », a-t-il ajouté.
L’arrêt planifié au 30 juin des primes à l’embauche des apprentis est-elle de nature à mettre un coup de frein, compte tenu du poids désormais très important de l’alternance dans l’emploi ? « Cette prime existait déjà avant la crise. Les TPE des métiers de bouche vont continuer à embaucher, compte tenu des départs à la retraite ou reprise d’activité à venir », estime le président des Fédérations des charcutiers traiteurs et de l’alimentation de détail, Joël Mauvigney.
Un plancher
Réalisée chaque année, cette enquête paraît fiable rétrospectivement : près de neuf entreprises ayant déclaré un projet d’embauche le réalisent au final. Les intentions collectées sont autant d’opportunités pour un chômeur ou un salarié d’une autre entreprise ce qui, dès lors, peut déclencher une ou plusieurs autres embauches, par effet de cascade. Les 3 millions anticipés sont donc un plancher d’autant que le baromètre ne prend pas en compte les millions de CDD courts et exclut la fonction publique d’Etat ou certaines entreprises publiques.
Dans le détail, la dynamique est portée par les entreprises de moins de 50 salariés qui représentent sept projets sur dix, et par les services aux entreprises ou aux particuliers (six sur dix) dans l’hébergement-restauration et les domaines du soin notamment. L’industrie n’est pas en reste, tandis que la construction poursuit sur sa lancée entamée depuis des années déjà. Le classement par métiers reste peu ou prou inchangé. A noter également, le rebond dans les régions à la peine l’année dernière, comme le Grand Est notamment.
Difficultés de recrutement anticipées au plus haut
Ce tableau amplifie évidemment les difficultés de recrutement. Les employeurs s’y attendent pour six projets sur dix, 13 points de plus qu’en 2020. Et cela, « quelle que soit la taille des entreprises, les plus grandes incluses », a souligné Stéphane Ducatez, même si Pôle emploi minimise les conséquences du problème .
Couvreurs zingueurs, aides à domicile ou ménagères, chauffeurs mais aussi bouchers et pharmaciens restent toujours aussi recherchés. La crainte de ne pas recevoir assez de candidats est d’ailleurs le motif invoqué qui a le plus progressé.