C’est un projet qui semble tout droit tiré d’un roman de science-fiction. En 2023, de nouveaux habitants devraient s’installer sur une petite île du Pacifique, appartenant à la République du Vanuatu, rassemblés par un seul point commun : leur intérêt prononcé pour les cryptomonnaies. Tout récemment, un discret groupe d’investisseurs a effectivement obtenu, auprès du Premier ministre vanuatais, l’autorisation de coloniser ce petit bout de terre situé au nord de la Nouvelle-Calédonie. Son but : faire de cette île un « foyer » pour la « communauté crypto ». Le projet, quant à lui, a été baptisé « Satoshi Island », en hommage à Satoshi Nakamoto, pseudonyme du créateur présumé, en 2008, du tout premier Bitcoin.
Sur l’île de Lataro, 300 hectares, les premiers travaux ont déjà commencé. Des petites maisons au look futuriste sont en cours de construction, et seront bientôt assemblées sur place. D’importants chantiers sont également prévus, afin de permettre l’accès à l’eau courante et à l’électricité sur un territoire où, pour l’heure, n’existe aucun batiment en dur. À terme, les promoteurs de ce vaste projet espèrent accueillir 21 000 résidents.
Un futur paradis fiscal
L’île de Lataro n’a évidemment pas été choisie au hasard. Comme le reste du territoire de la République du Vanuatu, elle ne connaît pas « d’impôt sur les profits, les dividendes ou les revenus pour les entreprises comme pour les individus, pas non plus de taxes sur les gains du capital ou sur l’héritage », expliquent bien volontiers les responsables de Satoshi Island. Particulièrement pauvre, le Vanuatu tire d’ailleurs une bonne part de ses revenus grâce à la cession de parcelles de son territoire, explique Le Parisien.
Pour les amateurs de cryptomonnaie et de NFTs, l’initiative a donc tout du pain béni : « Il faut le voir comme un laboratoire ou un terrain d’essai pour les économies de demain notamment avec un cadastre de la propriété foncière établi en format Non-fungible Token (NFT) », explique Michael Amar, entrepreneur bien connu de ce petit milieu. Au royaume du Bitcoin, il faudra en effet oublier les bons vieux actes de propriété notariés : les titres de propriété seront exclusivement numériques. En revanche, le visa nécessaire pour s’installer sur l’île devra être payé en authentiques dollars. Il faudra en débourser 130 000, soit un peu plus de 110 000 euros.
Autonomie et décentralisation
Demeurent de nombreuses questions. Un tel territoire, s’il devait effectivement voir le jour, ne risque-t-il pas devenir un Etat-voyou propice aux démarches financières les moins recommandables ? Les partisans de la cryptomonnaie assurent que non. Sur l’île, le quotidien sera simplement fait d’échanges économiques quotidien en cryptomonnaies. Pour le reste, explique Le Parisien, ce sera simplement des maisons futuristes et des panneaux solaires.
« Ce projet correspond à l’idée de la décentralisation chère à la communauté des cryptomonnaies qui ne jure que par les Organisations autonomes décentralisées (DAO) jusque dans la prise collective de décisions et la gouvernance publique », ajoute Michael Amar. Charge aux premiers habitants de « Satoshi Island » de faire la démonstration de la viabilité et de l’honnêteté d’un tel projet.