Pourquoi la Russie se rapproche du défaut de paiement

Le défaut de la Russie sur sa dette souveraine se rapproche un peu plus avec la décision prise hier, mardi 5 avril, par le Trésor américain. Il a adopté une nouvelle mesure limitant les capacités de paiement en dollars des autorités russes.


Le message du Trésor américain accompagnant sa décision est très clair ; pour faire face aux prochaines échéances, Moscou doit choisir : soit la Russie vide ses réserves en dollars, soit elle utilise ses revenus d’exportation, soit elle fait défaut. Les sanctions financières prises contre la Russie forment un nœud coulant que le Trésor américain resserre progressivement au gré des échos de plus en plus effrayants provenant de la guerre menée en Ukraine. Les massacres de civils attribués aux soldats russes à Boutcha, dans la banlieue de Kiev, ont déclenché ce nouveau tour de vis. C’est une pression supplémentaire sur l’État russe, selon Anne-Laure Kiechel, la fondatrice de Global Sovereign Advisory, une société de conseil aux États, en particulier sur leur dette souveraine. L’objectif final des États-Unis est d’épuiser les ressources russes pour financer sa sale guerre en Ukraine.

La Russie a-t-elle les fonds disponibles pour faire face à ses échéances ? 

En théorie, très largement. Sa dette extérieure en eurobonds se monte à 40 milliards de dollars, et elle doit faire face cette année à des échéances d’un montant total de 4,7 milliards de dollars. C’est a priori largement couvert par les réserves de sa Banque centrale. Même si ces réserves s’amenuisent, elles se montent à des centaines de milliards de dollars. Par ailleurs, la Russie continue à exporter ses hydrocarbures, cela lui rapportera 320 milliards de dollars cette année, largement de quoi honorer le paiement des dividendes, des intérêts ou les remboursements dus.  

La Russie a d’ailleurs toujours exprimé sa volonté de faire face 

Effectivement, la Russie ne veut pas être acculée au défaut de paiement, parce qu’elle sait qu’elle le paiera très cher à l’avenir. Cela pourrait l’empêcher d’emprunter sur les marchés internationaux ou seulement à un coût exorbitant ; or, elle aura besoin à un moment ou à un autre d’argent frais pour financer son économie. Mais en pratique, son sort est aujourd’hui entièrement entre les mains de l’administration américaine. Le Trésor lui a accordé un droit exceptionnel de puiser dans ses réserves en dollars gelées à l’étranger, cette licence pourrait être renouvelée à la fin mai. Si cela n’était pas le cas, la probabilité d’un défaut serait alors beaucoup plus forte, selon Anne-Laure Kiechel.

Même si Moscou rembourse sa dette en roubles ? 

Le recours à une monnaie alternative est prévu pour six des quinze obligations émises par la Russie. Et cette option s’applique seulement si le pays n’a pas d’autres choix, ce qui n’est pas le cas puisque la Russie dispose, de fait, de revenus en dollars. Tout dépendra in fine de l’interprétation des instances chargées de déclarer le défaut. La stratégie d’assèchement de l’économie russe via le défaut de paiement est un processus de longue haleine qui prendra sans doute encore plusieurs mois. Renoncer aux livraisons de gaz russe serait beaucoup plus efficace. La décision revient aux principaux clients, les Européens, et surtout les Allemands. Et ils ne sont pas encore prêts à s’y résoudre.  

En Chine, l’activité des services est freinée par la vague de Covid

L’indice PMI des services est passé en dessous du seuil des 50 au mois de mars, ce qui signifie une contraction de l’activité ; il est tombé à 42, le plus fort recul en deux ans. C’est le regain de coronavirus qui refroidit l’économie ; aujourd’hui la Chine a franchi la barre des 20 000 nouveaux cas par jour, elle en était à 10 000 ce dimanche.


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