Plusieurs secteurs font les frais des confinements à Shanghai, la capitale économique chinoise, et plus largement dans le nord-est du pays, berceau de l’industrie automobile.
Certes, l’Américain Tesla entend reprendre son activité après avoir mis à l’arrêt son usine de Shanghai pendant trois semaines. Mais le patron de son concurrent chinois, Xpeng, a averti que sans amélioration rapide, tous les équipementiers chinois devraient arrêter leur production en mai. Les grands constructeurs internationaux sont également pénalisés à l’instar de Volkswagen. Même Huawei, qui fournit des composants et un système d’exploitation aux constructeurs automobiles, a prévenu que le temps était compté.
Car le secteur des nouvelles technologies n’est pas en reste. Des entreprises qui assemblent des ordinateurs et des téléphones pour Apple ont suspendu leurs activités. Idem pour Unimicron Technology qui fournit des circuits imprimés à Intel et Apple. Et ce ne sont que quelques exemples. Également affecté, le secteur financier, les entrées en bourse nécessitant des rendez-vous en présentiel.
Logistique à la peine
Certaines entreprises tentent bien de continuer à tourner en isolant les travailleurs qui doivent vivre sur place pour respecter le confinement. Mais cette stratégie ne résout pas tout. À Shanghai, les restrictions ont provoqué des perturbations conséquentes sur la logistique. Le transport routier a perdu de sa fluidité, ce qui se répercute sur le plus grand port à conteneurs de Chine.
Selon le géant du transport maritime Maersk, cela a conduit à un encombrement des terminaux à tel point que l’armateur a cessé de prendre de nouvelles commandes de conteneurs réfrigérés et de marchandises dangereuses.
Au-delà des nouvelles perturbations à prévoir sur les chaînes d’approvisionnement internationales, l’économie chinoise devrait en pâtir. Plus d’un quart de la population est confinée à des degrés divers en fonction des territoires. Cela représente 40 % du PIB du pays selon la banque Nomura.
Alors, certes, les chiffres de la croissance chinoise qui viennent d’être publiés sont meilleurs qu’attendus :l’économie a progressé de 4,8 % sur un an au premier trimestre. Mais il faut dire que l’année avait débuté sur les chapeaux de roue et que ce taux ne reflète pas encore l’impact global des restrictions. Les effets du confinement de Shanghai devraient être visibles sur les chiffres du mois d’avril.
Lorsqu’on ajoute aux confinements à répétition les risques mondiaux liés à la guerre en Ukraine, cela fait douter certains analystes de la capacité de l’empire du Milieu à atteindre son objectif d’une croissance de 5,5 % du PIB en 2022.
Attractivité fragilisée ?
La Chambre de commerce de l’Union européenne a aussi prévenu que cette stratégie « zéro Covid » risquait de nuire à l’attractivité de Shanghai. En plus des perturbations proprement économiques dont on vient de parler, les règles drastiques imposées lors du confinement à Shanghai conduisent certains expatriés à se poser la question du départ. L’impact dépendra de la durée de ces mesures. Cela dépendra aussi peut-être de l’enseignement qui sera tiré de cet épisode.
Est-ce que le risque pour l’économie chinoise avec un variant moins létal va faire dévier de la stratégie « zéro Covid » ? Les déclarations de Xi Jinping la semaine dernière ne vont en tous cas pas dans ce sens. Est-ce qu’au contraire d’autres villes prendront des mesures strictes plus rapidement que Shanghai pour éviter la multiplication des cas, au risque d’augmenter l’incertitude pour les entreprises ?
À quelques mois du XXème Congrès du Parti communiste chinois au cours duquel Xi Jinping briguera un troisième mandat, des considérations politiques pourraient bien conditionner une partie de la réponse.
