Travailler tard le soir, tôt le matin, de nuit ou le week-end… De plus en plus de femmes peu qualifiées sont exposées à des horaires « atypiques », en particulier pour le travail le week-end, selon une étude publiée ce mercredi par l’Institut national d’études démographiques (Ined).
« La part des femmes cadres en horaires atypiques diminue de 23 % entre 2013 et 2019 tandis qu’elle augmente de 11 % pour les ouvrières non qualifiées. Chez les hommes, la polarisation sociale est moins marquée. La part des cadres diminue de 14 % tandis que celle des ouvriers non qualifiés stagne », constate l’étude, réalisée à partir des enquêtes « Conditions de travail » de la Dares.
« Au sens strict, les horaires atypiques de travail désignent les jours et horaires de travail non conventionnels », note l’étude. Un salarié est considéré comme travaillant en horaires atypiques « s’il déclare travailler habituellement selon au moins l’une des modalités suivantes » : entre 5 heures et 7 heures le matin, entre 20 heures et minuit le soir, la nuit de minuit à 5 heures et le week-end.
Plus d’un salarié sur trois en horaires atypiques
« D’un côté, les politiques de conciliation du travail et de la famille dans les grandes entreprises ont pu contribuer à améliorer les conditions de travail des plus qualifiées […]. De l’autre, les femmes peu qualifiées sont surreprésentées dans les métiers du commerce où le travail dominical a progressé (vendeuse, agent de nettoyage…) ainsi que dans les métiers des services à la personne (aide-soignante, aide à domicile, aide ménagère), où les horaires atypiques sont structurels », explique l’étude.
En 2019, 36 % des salariés travaillaient habituellement en horaires atypiques. Cette fréquence, qui situe la France dans la moyenne européenne, est restée stable depuis les années 2010. Cependant, si le travail du soir et de nuit a légèrement reculé entre 2013 et 2019, le travail le week-end et tôt le matin a augmenté pour les femmes. Par ailleurs, elles travaillent plus souvent le week-end que les hommes.
Les femmes sont désormais proportionnellement plus nombreuses que les hommes à travailler avec des horaires atypiques (37 % contre 35 %). Les hommes restent proportionnellement plus nombreux à travailler tôt le matin, le soir et surtout la nuit, mais leur exposition tend à se réduire.
Fréquences des journées discontinues
L’association entre les horaires atypiques et le sexe varie à la fois selon la catégorie socioprofessionnelle et le secteur d’activité. « Les ouvrières non qualifiées travaillent fréquemment comme agentes d’entretien tandis que les hommes sont plus souvent manoeuvres dans le BTP où les heures diurnes et en semaine sont plus fréquentes », cite en exemples l’étude.
Au-delà des horaires décalés, les ouvrières et employées non qualifiées font aussi plus souvent face à des journées discontinues (périodes de travail séparées d’au moins trois heures) et des horaires imprévisibles (connus un jour à l’avance ou moins). Selon l’étude, ce groupe des « petits temps fragmentés et horaires imprévisibles » rassemble 18 % des salariés.