Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, estime que la France est « entrée dans une économie d’inflation durable » dans une interview publiée ce samedi dans le « Journal du Dimanche ». Cette déclaration fait suite à la publication, la veille, d’une nouvelle accélération de la hausse des prix. En avril, l’inflation a atteint 4,8 % sur un an , un niveau inégalé depuis novembre 1985, selon une première estimation de l’Insee. Dans la zone euro, le chiffre atteint même 7,5 % pour le même mois.
Si cette situation résulte en partie de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, le président du Medef y souligne aussi d’autres causes, à l’instar du « renchérissement des prix de l’énergie » et de « la rareté de certaines matières premières, comme les métaux ». « C’est un environnement que la plupart des chefs d’entreprise n’avaient jamais connu », s’inquiète le patron du Medef, qui réitère sa demande d’un allègement des impôts de production. Ces derniers demeurent, en France, « supérieurs de 35 milliards d’euros à la moyenne européenne ».
Un environnement tout aussi inconnu pour « l’ensemble de la population, qui sera confrontée – à travers la hausse inévitable des taux d’intérêt – à la hausse des prix dans le secteur crucial du logement », a-t-il ajouté. Face à ce constat, le président du Medef a reconnu le besoin « d’inaugurer une nouvelle méthode de gouvernement » avec davantage de concertations. Il appelle à à réunir « les parties prenantes par filières » plutôt qu’à l’organisation de « grand messes d’où rien de concret ne peut émerger ».
Eviter le « quoi qu’il en coûte » permanent
« Cette inflation est essentiellement due à l’augmentation des prix de l’énergie », a rappelé de son côté le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, lors d’une interview à la radio France Inter. Il note de plus « une dynamique inflationniste » dans la zone euro.
Selon lui, beaucoup d’incertitudes pèsent sur l’économie européenne du fait du conflit entre l’Ukraine et la Russie et aussi en lien avec « les ruptures des chaînes d’approvisionnement », notamment en Chine, a-t-il souligné. « Beaucoup de nos usines et chaînes de valeur sont à l’arrêt compte tenu de la gestion un peu radicale des autorités chinoises qui ferment des pans entiers de l’économie », à Shanghai par exemple, pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.
Pour préserver les finances publiques, « il ne faudrait pas entrer dans un ‘quoi qu’il en coûte’ permanent », juge Geoffroy Roux de Bézieux. L’amélioration de celles-ci « passe aussi par celle du taux d’emploi, qui demeure 10 points en dessous de celui de l’Allemagne. C’est ce critère-là qui permettra la hausse des recettes et la baisse des dépenses », souligne-t-il.