C’est une mauvaise nouvelle. Les certificats d’économie d’énergie (CEE), qui mobilisent la majeure partie des aides à la rénovation énergétique (4 milliards d’euros par an contre 2 milliards pour les aides publiques du dispositif MaPrimeRénov’ ), connaissent des ratés. La valeur de ces « titres », que les entreprises les plus émettrices de CO2 sont contraintes de souscrire puis de liquider en finançant les travaux d’isolation dans le logement, dégringole. « L’an dernier, on était sur un marché de 8 euros le mégawatt/heure. Aujourd’hui, on est à 6 euros », signale un expert.
Explication : beaucoup de ces entreprises dites « obligées » disposent d’importants stocks de CEE qui les dispense d’acheter de nouveaux certificats sur la période 2022-2025 pour respecter leurs quotas. Un comportement que les professionnels de la rénovation imputent au volume de travaux d’économie d’énergie couvert par ces certificats et que les obligées ont négocié avec l’Etat pour cette même période. « On est passé de 2.000 à 2.500 terrawatts-heure cumac, au lieu de 2.000 à 4.000 terrawatts-heure », déplore Gauthier Villard, directeur de l’activité rénovation énergétique et solaire chez Hello Watt.
Eviter les arnaques
Une progression limitée des CEE (+17 %) que le ministère du Logement assume. « Il avait été convenu qu’à compter de juillet dernier, certaines aides soient abaissées pour coller un peu plus à l’efficacité énergétique réelle des travaux », rappelle-t-on au cabinet d’Emmanuelle Wargon. Ainsi, plus question depuis l’été dernier de financer les opérations facturées 1 euro au particulier pour isoler ses murs et ses planchers, sources d’arnaques fréquentes. Les barèmes d’aide ont été revus à la baisse pour les éviter.
Un nouveau régime auquel tous les devis de travaux signés au-delà du 31 décembre 2021 sont désormais soumis, ceux conclus antérieurement devant porter sur des travaux qui devaient s’achever au plus tard le 1er mai dernier, indique-t-on au ministère. Reste à savoir si l’entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation pèsera sur les rénovations.
Gauthier Villard le redoute. « Le reste à charge est devenu trop important pour les plus modestes », juge-t-il. Selon ses estimations, d’une année à l’autre, la part couverte par les CEE sur une opération de rénovation de 15.000 euros (hors les aides de MaPrimeRénov’) a été divisée par deux, passant à 2.000 euros.
« Il y a une inquiétude qui n’est pas tellement justifiée. Pour l’instant, aucun indicateur ne signale une baisse de volume des travaux de rénovation », explique-t-on au ministère du Logement. On y reconnaît cependant que la dévalorisation des CEE pose problème et pèse sur l’importance des travaux qu’ils financent. « Il va falloir trouver des leviers pour rehausser la valeur des certificats. Au prochain gouvernement de se saisir de la question ».