Croissance modeste et inflation à 5 % : la nouvelle équation de l’économie française

Le PIB devrait augmenter de 0,25 % entre avril et juin en France après avoir stagné au premier trimestre, selon les projections de l'Insee publiées ce lundi. L'inflation atteindrait 5,4 % en juin. Ce qui va peser sur le pouvoir d'achat des ménages.


Clients et caddies, chariots de courses, dans les rayons alimentation.

Une croissance anémiée et davantage d’inflation : voilà le cocktail qui attend la France en ce début de quinquennat, selon l’Insee . Dans ses nouvelles projections publiées ce lundi, l’Institut statistique estime en effet que l’économie tricolore devrait progresser d’un modeste 0,25 % au deuxième trimestre, après avoir stagné entre janvier et mars . L’Hexagone ne basculerait donc pas en terrain négatif. Et à mi-année, l’acquis de croissance pour 2022 s’élèverait à 2,6 %, en raison du dynamisme de l’activité à la fin de l’année dernière.

En parallèle, l’inflation va, elle, continuer de progresser. Après avoir atteint 4,8 % sur un an en avril , la hausse des prix à la consommation pourrait, selon l’Insee, s’envoler à 5,2 % en mai, puis 5,4 % en juin, tirée par les tensions sur les approvisionnements liées au conflit en Ukraine et à la stratégie zéro Covid de la Chine. L’institut estime que sans le bouclier tarifaire et la remise à la pompe de 18 centimes instaurés par l’exécutif, elle serait supérieure d’environ 2 points.

Accélération des prix de l’alimentation

Les incertitudes sont bien entendu nombreuses. Dans le contexte géopolitique actuel, difficile de prévoir l’évolution des cours de l’énergie ou l’ampleur et la vitesse auxquelles se répercutera l’explosion des coûts de production.

L’institut statistique anticipe néanmoins une accélération des prix des produits alimentaires . Entre l’entrée en vigueur des accords passés entre producteurs et distributeurs, et les effets de la guerre entre Kiev et Moscou, la hausse dans les rayons pourrait dépasser les 6 % sur un an en juin. Mais l’inflation devrait aussi se transmettre aux prix des biens manufacturés ainsi qu’aux services, particulièrement exposés à la revalorisation du SMIC. L’inflation sous-jacente devrait ainsi grimper de 2,5 % en mars à 3,5 % en juin.

Pertes de pouvoir d’achat

Cette envolée des prix commence à peser sérieusement sur le pouvoir d’achat des ménages. La perte serait de 1,5 point au premier trimestre (à hauteur de 1 point par contrecoup de la perte de l’indemnité inflation qui a été intégrée en totalité dans les revenus de 2021), puis de 0,5 point au deuxième trimestre.

En fort recul au premier trimestre, la consommation des ménages, premier moteur de la croissance, pourrait toutefois légèrement rebondir entre avril et juin, tirée par des effets de rattrapage dans certains secteurs – l’hôtellerie et la restauration par exemple – et la bonne résistance du marché de l’emploi. L’Insee n’exclut pas par ailleurs que pour maintenir leur niveau de vie, les ménages diminuent un peu leur taux d’épargne.

Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Selon une étude récente du Conseil d’analyse économique, les 20 % de Français les moins aisés auraient toutefois consommé quasiment tout le surcroît d’épargne accumulé pendant la pandémie. « Le plus dur est devant nous », a reconnu la semaine dernière le ministre de l’Economie Bruno Le Maire qui travaille sur une loi sur le pouvoir d’achat pour aider les Français à passer ce cap difficile. L’hypothèse d’une croissance de 4 % sur laquelle l’exécutif a établi son budget pour 2022 paraît en tous cas d’ores et déjà caduque.


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