Le coup de frein est brutal, mais il aurait pu être plus rude encore. Dans ses nouvelles projections publiées ce mardi, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) révise nettement à la baisse sa prévision de croissance pour la France cette année , mais note que les différentes mesures prises par l’exécutif pour amortir le choc des différentes crises ont permis d’atténuer ce sévère ralentissement.
Alors qu’il y a six mois l’activité économique était attendue en hausse de +4,2 % en 2022, désormais il ne faut plus tabler que sur +2,7 %, selon le centre de recherche. Dans le détail, la prévision intègre une croissance de +0,2 % au deuxième trimestre après la stagnation du premier trimestre, avant un rythme de +0,3 % pour les deux trimestres suivants. « La différence entre nos deux estimations à six mois de distance montre l’ampleur du choc subi par l’économie française. Par rapport à ce qui s’est passé lors de crises précédentes, on enregistre en réalité une multitude de chocs », souligne Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.
Chocs en cascade
Les mauvaises nouvelles n’ont en effet pas manqué ces derniers mois. La vague Omicron subie au début de l’année aurait eu un impact négatif de -0,1 % sur la croissance, selon l’OFCE, qui chiffre également les conséquences de la remontée des taux (-0,1 % de PIB), des ruptures de chaînes d’approvisionnement (-0,4 % de PIB) et des incertitudes et tensions géopolitiques (-0,5 %).
A cela, il faut bien entendu ajouter les effets de la flambée des prix de l’énergie, que ce soit le pétrole (-0,5 point) ou le gaz et l’électricité (-0,8 point). « Si l’on suppose que la situation d’avril 2022 va rester la même jusqu’à la fin de l’année, on s’attend à ce que les prix de l’énergie contribuent à accroître l’inflation au total de 4 points en 2022 (1,9 point en tenant compte des mesures de gouvernement), alors que ces produits représentent moins de 9 % de la consommation totale », souligne Mathieu Plane pour illustrer l’ampleur du problème.
Les bienfaits du bouclier énergétique
En additionnant tout cela, ces différents chocs pourraient donc amputer la croissance française de 2,3 % de PIB cette année. Toutefois, ce recul est en partie amorti par les différentes mesures prises par l’exécutif depuis plusieurs semaines pour contrer les effets de l’inflation notamment. Plan de résilience , bouclier énergétique et futur projet de loi sur le pouvoir d’achat annoncé pour l’après-législatives : au total cet arsenal permettrait de limiter l’impact sur la croissance de 0,8 % du PIB.
« La réponse budgétaire n’a pas été très ciblée, avec donc un coût budgétaire conséquent, mais il était sans doute difficile de faire autrement à court terme », note Mathieu Plane. L’économiste estime également que les choix retenus par l’exécutif – avec le bouclier énergétique plutôt que l’envoi de chèques à grande échelle – « ont permis que l’inflation soit plus faible en France qu’en zone euro, limitant au passage des effets de second tour pour les prestations sociales indexées sur les prix ».
Au-delà, l’horizon n’est pas très dégagé, avec un acquis de croissance pour l’année 2023 de seulement 0,4 % selon l’OFCE. « Quand Bruno Le Maire dit que le pire est devant nous, je suis plutôt d’accord. Par rapport à ce que nous avons connu avec le Covid, nous avons potentiellement une crise qui peut durer longtemps, avec une question du pouvoir d’achat qui n’a jamais été aussi prégnante », estime Mathieu Plane.