Les Français peinent à retrouver le moral. L’indicateur qui mesure ce dernier, publié par l’Insee le mercredi, a certes ralenti sa baisse par rapport à mars et avril, affichant un recul de seulement un point, à 86. Mais il se stabilise aux plus bas niveaux constatés au plus fort de la pandémie de Covid-19, en 2020, et durant la crise des «gilets jaunes», fin 2018. L’indice reste également bien au-dessous de sa moyenne de longue période (100).
Aujourd’hui, l’inquiétude des Français est directement liée à l’inflation, alimentée par la guerre en Ukraine, qui est entrée dans son quatrième mois . La hausse des prix, notamment dans l’alimentaire et l’énergie, est certes moins forte que chez nos voisins européens mais elle s’installe à des niveaux élevés. Selon les dernières prévisions de l’Insee, elle pourrait atteindre 5,2 % en mai, puis 5,4 % en juin .
Une situation financière dégradée
A l’issue de son enquête, réalisée auprès de 2.000 ménages au début du mois, l’Insee constate que le ressenti des Français sur l’évolution à la hausse des prix est plus fort que le mois dernier. La part des ménages qui considèrent que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois progresse ainsi de trois points en mai. « Le solde correspondant se situe au plus haut depuis l’été 2008 », note l’institut.
Les ménages sont aussi plus nombreux à constater que leur situation financière passée s’est dégradée (le solde correspondant perd encore deux points, à -27). Ils sont tout aussi nombreux à s’inquiéter pour leur situation personnelle future, l’indicateur correspondant se stabilisant à un niveau bas (-22), « nettement au-dessous de sa moyenne », décrypte l’Insee. Résultat : la part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France va s’améliorer au cours des douze prochains mois repart à la baisse. Il recule de cinq points à -64.
Moins d’inquiétude sur le front de l’emploi
La prudence reste donc de mise. La proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants progresse à peine en mai par rapport à sa forte baisse en avril (à -29) et reste ancrée sous sa moyenne. L’épargne reste privilégiée, comme en témoigne la stabilité à de très hauts niveaux des soldes d’opinion relatifs à l’opportunité d’épargner et à la capacité d’épargne passée et future.
Pour la suite, les Français semblent néanmoins vouloir croire à une amélioration. Contrairement à avril, ils sont moins nombreux à estimer que les prix vont encore accélérer au cours des douze prochains mois (le solde correspondant s’effondre de 15 points en mai, presque comme en avril après une très forte hausse en mars (+54 points).
L’optimisme s’observe aussi sur le front de l’emploi. En mai, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage baissent. Le solde correspondant recule de quatre points, demeurant ainsi à un niveau très bas.