Ils ne sont pas seulement les héros du Covid, en première ligne pendant deux ans. Les 2,2 millions de travailleurs de la santé participent à « un secteur économique clé pour la relance du pays », selon le Medef, qui présentait ses propositions pour « réinventer la politique de santé ».
Cela passera notamment par un effort de formation majeur. Comment recruter et fidéliser, c’est le défi numéro un du secteur pour la prochaine décennie. Le Medef rappelle que 10 % des emplois sont vacants dans la santé . Un rapport ministériel récent sur les métiers en 2030 pointait qu’à cet horizon, il faudrait créer plus de 110.000 emplois d’infirmiers, et autant d’emplois d’aides-soignants .
Libérer les quotas
Le Medef estime qu’il va falloir recruter environ 100.000 emplois paramédicaux dans les hôpitaux publics et privés chaque année pour remplacer les départs et faire face aux besoins. En mars, la création de 16.000 nouvelles places a été actée, avec les financements nécessaires, dans le cadre d’un protocole conclu entre Etat et régions. Mais l’organisation patronale veut aller plus loin, et formule des propositions pour « engager une véritable politique de ressources humaines en santé, en lieu et place de la seule gestion de la fonction publique hospitalière ».
Le Medef propose d’abord des schémas de formation en alternance accélérés. Il reprend une demande insistante des secteurs public et privé : favoriser l’obtention en deux ans au lieu de trois du diplôme d’infirmier pour les aides-soignants qui cherchent à monter en compétences. La mesure semble en bonne voie, puisque l’ex-ministre de la Santé Olivier Véran a lancé une mission sur le sujet au début de l’année.
L’organisation patronale souhaite également une libération des quotas de formation des infirmiers, mais cette demande semble au point mort, en raison de la crainte de devoir procéder à d’importants investissements immobiliers. Ce sont les régions qui décident de l’ouverture de places en Institut de formation aux soins infirmiers (IFSI), mais des financements étatiques pourraient les inciter à plus de générosité. Dans l’apprentissage, les quotas ont déjà été libérés.
Retenir les salariés formés
L’apprentissage n’est pas ouvert à certaines professions réglementées de santé, regrette également le Medef, qui appelle à l’ouvrir aux infirmiers de bloc opératoire, de pratiques avancées ou anesthésistes-réanimateurs . Il faudrait sans doute autoriser l’ouverture de nouvelles écoles, et assouplir les formats, avec une partie de formation en distanciel.
Au passage, explique une source hospitalière, il manque un délégué interministériel pour mettre de l’ordre dans des parcours professionnalisants parfois « kafkaïens » : les ministères de l’Enseignement supérieur, du Travail et de la Santé ont chacun leurs référentiels et leur mot à dire sur ces professions réglementées, ce qui débouche sur de l’immobilisme.
Ou des aberrations. Parfois, il est plus simple pour un brancardier de démissionner pour obtenir une formation payée par Pôle emploi, plutôt que d’obtenir de son employeur qu’il couvre son salaire et sa reconversion pendant trois ans.
Par ailleurs, les établissements de santé souhaitent que les employeurs des cliniques privées ayant financé la formation de leurs salariés puissent retenir ces salariés chez eux pour une durée correspondante au montant de leur investissement.