Le gouvernement réclame aux acteurs économiques de prendre leur part dans la lutte contre l’inflation et la défense du pouvoir d’achat des Français. Mais y sont-ils prêts ? Un sondage auprès de chefs d’entreprise représentatifs des PME et ETI françaises de plus de 100 salariés réalisé par l’institut Viavoice et le Cabinet Les Temps Nouveaux pour Sopra Steria Next, « Les Echos » et Radio Classique apporte quelques réponses. Et d’abord celle-ci : les dirigeants estiment aujourd’hui manquer de visibilité.
Ils sont en effet 53 % à déclarer que l’environnement de leur entreprise est incertain et 47 % à le considérer comme « imprévisible ». Pour 41 % d’entre eux, ce climat offre des opportunités, mais plus d’un quart n’hésitent pas à dire qu’il est « anxiogène ».
Recrutements et approvisionnement
« Les crises, nous le savons, ont la capacité d’accélération de l’histoire. Ce que nous dit cette étude, c’est que nous vivons plusieurs accélérations dans le même temps et, nous le savons, les recettes d’hier ne sont plus la bonne réponse. Un champ d’opportunités, tout autant que de crispations, s’ouvre », analyse Philippe Muller, associé chez Sopra Steria Next.
La préoccupation qui s’impose le plus concerne les collaborateurs. Les chefs d’entreprise citent à 83 % la problématique « des recrutements de plus en plus difficiles et des pénuries de compétences ». Cette part monte à 94 % dans la construction et 76 % dans les services.
Par ailleurs, 60 % des dirigeants déclarent que la pénurie dans la chaîne d’approvisionnement en matièrespremières ralentit la croissance de leur entreprise. La proportion est de 79 % dans l’industrie.
Dans un contexte de pression inflationniste, 27 % des patrons évoquent des demandes salariales difficiles à satisfaire. L’engagement à la baisse des salariés (17 %) constitue un autre sujet d’inquiétude.
Dans ces conditions, la priorité est de maintenir la rentabilité (68 %), avant de développer le chiffre d’affaires (50 %).
Relocalisation de la production
« Le point majeur de cette étude, et sans doute le point de basculement des entreprises vers une transformation plus intense, tient en deux chiffres : 80 % pensent que les attentes de leurs clients changent au point d’être amené à changer la promesse de leur entreprise, et 92 % qu’il faudra plus et mieux fidéliser leurs collaborateurs, pour faire face à la pénurie bien sûr, mais pour tenir cette nouvelle promesse surtout », souligne Philippe Muller.
Quels changements et leviers d’action sont envisagés par les chefs d’entreprise ? Près d’un sur deux évoque une transformation des compétences des cadres pour s’adapter au travail à distance, la même proportion cite une nécessaire transition pour réduire l’empreinte carbone de l’entreprise. En revanche, seulement 9 % des dirigeants parlent d’une relocalisation de la production ou des services en France. Le gouvernement mise pourtant dessus.