Remettre un coup de projecteur sur TotalEnergies est de bonne guerre pour un gouvernement mis sous une pression maximale avec l’envolée des prix . Le ministre de l’Economie a demandé au pétrolier français qu’il « poursuive » son effort sur les prix à la pompe « et pourquoi pas l’augmente ». « Tout l’effort ne peut pas reposer uniquement sur l’Etat », a déclaré Bruno Le Maire sur BFMTV ce lundi.
A la veille des grands déplacements estivaux, les prix à la pompe restent scotchés au-dessus des 2 euros le litre, malgré le rabais de 18 centimes pris en charge par le budget de l’Etat depuis le 1er avril. Le gazole était commercialisé 2,13 euros en moyenne dans les stations-service françaises la semaine dernière, selon les statistiques du ministère de la Transition énergétique, un prix stable par rapport à la semaine précédente. L’essence SP95-E10 cotait 2,04 euros, en baisse de 5 centimes.
TotalEnergies avait de son côté pratiqué une ristourne supplémentaire de 10 centimes dans les trois quarts de ses stations-service françaises, jusqu’au 15 mai. Patrick Pouyanné, le PDG, a annoncé une nouvelle réduction du même montant en juillet et août, mais uniquement dans les 120 stations d’autoroute. Ce n’est pas suffisant pour le gouvernement. Ce lundi matin, Bruno Le Maire a demandé au patron du groupe d’aller plus loin, indique Bercy.
Au-delà de cet effort ponctuel, l’hypothèse d’une taxe exceptionnelle sur les « surprofits » générés par certaines entreprises dans cette période de crise est revenue dans les débats ces dernières semaines. Mais, à Bercy, on assure que cette option n’est pas envisagée à court terme. « Aujourd’hui, notre logique est de demander aux entreprises de suivre l’exemple d’EDF : nous voulons qu’elles prennent des mesures directes pour faire baisser la facture des Français », y explique-t-on.
Un geste de CMA-CGM ?
EDF a été lourdement mis à contribution par le gouvernement pour financer le « bouclier tarifaire » sur l’électricité. Le groupe ne dégagera donc pas de bénéfices significatifs cette année et ne versera pas de dividendes à ses actionnaires, au premier rang desquels, l’Etat.
L’idée est d’appliquer la même règle à un maximum d’entreprises : à chacune de trouver un moyen de soutenir le pouvoir d’achat directement. Outre TotalEnergies, l’exécutif attend un geste du groupe de transport et logistique CMA CGM, qui a dégagé des profits colossaux (18 milliards d’euros) l’an passé – supérieurs à ceux du géant pétrolier. Bruno Le Maire aurait d’ailleurs rencontré Rodolphe Saadé, le PDG de l’entreprise basée à Marseille, pour discuter d’un geste en direction du secteur du bâtiment.
« On regardera les profits réalisés en France »
Si à la fin de l’année 2022, certains groupes s’avèrent avoir dégagé des bénéfices exceptionnels grâce aux effets de la guerre en Ukraine, la possibilité de leur imposer une taxe exceptionnelle sera alors envisagée. « On regardera les profits réalisés en France », précise l’entourage du ministre de l’Economie.
Dans le cas de Total, ce seront donc essentiellement les marges des activités de raffinage. Il n’en reste pas moins qu’une taxe ne pourrait pas être imputée uniquement au groupe pétrolier. Si le nom d’Engie est aussi évoqué, son sort est incertain : l’entreprise a certes fait des profits sur le trading de gaz , mais la hausse de ses bénéfices vient surtout de Belgique.
La promesse de ne pas relever les impôts
Même si une taxe exceptionnelle sur les « profiteurs de guerre » peut être un instrument politique efficace, car la mesure serait populaire, le gouvernement veut tenir la promesse d’Emmanuel Macron, encore réitérée mercredi dernier à la télévision, de ne pas relever les impôts. Le premier quinquennat a été placé sous le signe de la baisse de la pression fiscale. L’objectif est bien de poursuivre cette politique, notamment pour améliorer la compétitivité des entreprises tricolores et l’attractivité de la France. Bruno Le Maire a d’ailleurs d’ores et déjà annoncé une nouvelle baisse des impôts pesant sur la production dès l’année prochaine.