Le succès du bonus auto « écologique » ne se dément pas. Jamais l’Etat n’en avait accordé autant que sur les six premiers mois de l’année. Au total, 172.000 bonus ont été payés sur le semestre pour un coût total de 625 millions d’euros, selon des chiffres obtenus par « Les Echos » auprès du ministère de la Transition écologique.
Depuis deux ans, ce bonus dont les Français peuvent profiter pour acheter ou louer sur longue durée une voiture neuve moins polluante, et qui vient s’ajouter à la prime à la conversion, a pris de l’ampleur. Il a bondi avec le boom des ventes de véhicules électriques en France : de moins de 50.000 en 2018, l’Etat a accordé plus de 264.000 bonus l’an passé pour un montant de 1,07 milliard d’euros.
Verdissement du parc
Depuis le début de cette année, 100.000 bonus ont déjà été accordés pour des voitures électriques, 37.000 pour des hybrides rechargeables et 13.000 pour des voitures électriques d’occasion, selon nos informations. Un peu plus de 20.000 ont été utilisés pour acquérir des véhicules utilitaires légers, des véhicules lourds fonctionnant à l’électricité ou à l’hydrogène ou encore des quadricycles à moteur.
Un « fort dynamisme » qui a poussé Bercy à revoir à la hausse l’enveloppe dédiée au verdissement du parc automobile dans son projet de loi de Finances rectificative pour 2022 : une rallonge de 400 millions d’euros y est inscrite , dont 100 millions environ sont liés à la prolongation du barème du bonus annoncée fin juin par le gouvernement.
Face à l’envolée des prix des carburants à la pompe, à celle des matières premières et à la pénurie de composants qui font grimper les prix des véhicules « propres » et s’allonger les délais de livraison, le gouvernement a en effet décidé de maintenir le bonus « écologique » à 6.000 euros maximum jusqu’à la fin de l’année, alors qu’il devait être réduit de 1.000 euros à partir du 1er juillet. En parallèle, le montant d’achat du véhicule qui donne accès au bonus maximal passe de 45.000 à 47.000 euros.
« Voiture électrique pour tous »
Un coup de pouce, aussi, en attendant la « voiture électrique pour tous » promise par le président-candidat lors de la campagne présidentielle. Car le système de leasing « social » voulu par Emmanuel Macron, qui doit permettre aux ménages les plus modestes d’acheter une voiture électrique à moins de 100 euros par mois, ne sera pas mis en place cette année. La mise en oeuvre sera complexe . « J’espère qu’on pourra commencer ce dispositif en cours d’année prochaine », a indiqué récemment le nouveau ministre des Transports Clément Beaune, admettant que la voiture électrique était vue aujourd’hui plutôt « pour les bobos urbains ».
« Beaucoup [de Français] ne peuvent absolument pas se payer un véhicule électrique car c’est très cher », avait reconnu le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, en confirmant le maintien du bonus six mois de plus, « donc il faut les encourager ». Une transition vers des voitures les moins polluantes possibles est nécessaire si la France veut réduire massivement les gaz à effet de serre du secteur le plus émetteur du pays.
L’an dernier, près d’une voiture neuve sur cinq qui s’est vendue en France était 100 % électrique ou hybride rechargeable. Des motorisations qui représentent aujourd’hui respectivement un peu plus de 12 % et de 8 % du marché .