L’emploi salarié dans le secteur privé a encore progressé au deuxième trimestre, dépassant même et de très loin les prévisions. Entre fin mars et fin juin, il a augmenté de 0,5 %, soit 0,2 point de plus que sur les trois premiers mois de l’année. Au total 102.500 postes supplémentaires ont vu le jour sur la période, selon une estimation provisoire de l’Insee publié vendredi matin.
Pour mémoire, l’institut national statistique n’en attendait « que » 37.000 de plus au deuxième trimestre dans sa dernière note de conjoncture de fin juin, basée il est vrai sur une hypothèse de croissance du PIB moindre que celle finalement observée . Au total, mi-2022 l’emploi salarié privé dépasse son niveau d’avant la crise sanitaire, mesuré fin 2019, de 3,8 % (+754.200), contre +2,8 % trois mois plus tôt.
Tertiaire marchand
Dans le détail, les effectifs hors intérim dans l’industrie ont très légèrement progressé (+3.100), seul secteur à ne pas avoir comblé son retard depuis la pandémie de Covid. Ils ont fait du sur place dans la construction. Comme depuis un an, c’est le tertiaire marchand qui sert de locomotive, avec près de 100.000 postes gagnés sur le trimestre (+0,8 %). « Ce dynamisme explique l’essentiel de la hausse totale de l’emploi salarié privé », souligne l’Insee.
Le tertiaire non marchand a également augmenté nettement : +0,7 %, soit +19.500 emplois, alors que l’institut statistique tablait sur une stabilité. L’enseignement privé a été particulièrement dynamique.
A noter que le travail temporaire, comptabilisé dans cette publication quel que soit le secteur dans lequel les missions sont effectuées, a perdu dans son ensemble 17.000 postes. Certains y verront un signe annonciateur de lendemains moins chantants pour l’emploi. Pas sûr. « On avait déjà constaté cela avant le Covid : après avoir atteint un pic, le recours au travail temporaire et aux CDD avait diminué », rappelle le chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l’Insee, Sylvain Larrieu.
CDI aux sommets
Alors que les pénuries de main-d’oeuvre sont exacerbées, les employeurs peuvent privilégier les contrats longs dans un souci de fidélisation, quand bien même les perspectives économiques sont incertaines. C’est ce qu’a observé Prism’emploi, la fédération du travail temporaire, au moins dans le BTP . Le nombre d’embauches en CDI dépasse d’ailleurs toujours largement les 400.000 par mois depuis le début de l’année, un seuil jamais atteint avant le Covid, si l’on en juge par les statistiques de l’Urssaf.
Ces chiffres de l’emploi ne vont pas manquer d’étonner même s’ils sont en ligne avec l’embellie de la croissance observée au deuxième trimestre, tirée en partie par le dynamisme de l’hôtellerie, de la restauration et des transports . « Le rattrapage de l’activité s’est poursuivi au deuxième trimestre, notamment le tourisme international », abonde Sylvain Larrieu. Avec un bémol toutefois. « Attention, la crise est toujours là et se manifeste notamment par un nombre d’absences pour congés maladie toujours élevé ce qui affecte la durée de travail par salarié », note-t-il.
Ils n’en restent pas moins de bon augure à quelques jours de la publication, le 12 août prochain, du taux de chômage du deuxième trimestre. Pour rappel, il était de 7,3 % de la population active en moyenne sur les trois premiers mois de l’année. La baisse de 0,1 point attendue pour le printemps a de forte chance d’être plus marquée.
Réformes à venir
Pour donner un coup de collier supplémentaire, le gouvernement va lancer fin août ou début septembre son grand projet « France travail », promesse du candidat Macron . Il vise à faire en sorte que tous les organismes chargés de l’insertion des chômeurs – Pôle emploi, Missions locales, régions, départements ou encore associations – se réunissent en consortiums à une maille qui pourrait être celle du bassin d’emploi.
Une autre concertation sera aussi lancée à la rentrée avec les partenaires sociaux pour aller plus loin sur la réforme de l’assurance-chômage. Outre une refonte de la gouvernance de l’Unédic, l’exécutif veut que les règles d’indemnisation collent mieux à la conjoncture. « Quand ça va bien, on durcit les règles et, quand ça va mal, on les assouplit », a récemment déclaré le ministre du Travail, Olivier Dussopt.