Les dirigeants d’entreprise sont de plus en plus nombreux à perdre leur emploi. C’est la conclusion d’une étude réalisée par l’assureur spécialisé GSC et le cabinet Altares et dévoilée ce lundi matin, selon laquelle 18.519 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi au premier semestre de 2022. Cela correspond à une augmentation de 28,9 % sur un an.
Après deux années historiquement basses, « les chiffres du premier semestre 2022 renouent progressivement avec les niveaux d’avant crise », écrit Anthony Streicher, le président de GSC. « La guerre en Ukraine, les problèmes d’approvisionnement et le pouvoir d’achat en berne sont autant de facteurs extérieurs d’incertitude pour les chefs d’entreprise, qui doivent inciter à la vigilance », explique-t-il.
Seniors et petites structures à la peine
Les entrepreneurs seniors sont ceux qui ont le plus été impactés au premier semestre. L’âge médian des chefs d’entreprise en situation de perte d’emploi est de 46,7 ans. Mais les entrepreneurs âgés de 31 à 40 ans sont ceux ayant connu la plus forte dégradation de leur situation : 4.511 ont perdu leur emploi au premier semestre, soit une hausse de 47,8 % en un an. La perte d’emploi chez les plus de 50 ans, elle, a enregistré une augmentation de 37,2 %.
Les petites structures ont particulièrement souffert. Les trois quarts des pertes d’emploi concernent en effet des entrepreneurs à la tête d’entreprises de moins de trois salariés, indique le rapport. Par ailleurs, 88 % des entreprises fermées sont de très petites entreprises déclarant moins de 500.000 euros de chiffre d’affaires.
Des secteurs différemment impactés
La situation est particulièrement critique pour les activités BtoC. Le secteur lié à l’hébergement, à la restauration et aux débits de boissons a enregistré 2.092 pertes d’emploi, en hausse de 60,8 %. Le secteur des services aux particuliers a, lui aussi, été fragilisé par la baisse du pouvoir d’achat des ménages : 730 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi (+36,2 % par rapport à 2021).
Dans le domaine du commerce, 3.815 entrepreneurs ont perdu leur emploi (+32,8 %). Les pertes d’emploi chez les entrepreneurs de la construction connaissent une hausse moins rapide que la moyenne nationale (+11 %), mais représentent quasiment un quart des pertes d’emploi totales.
Dégringolade dans les Hauts-de-France
L’ensemble du territoire est concerné par le phénomène. En chiffres bruts, c’est l’Île-de-France qui a enregistré le plus de pertes d’emploi : 3.697 (+10,2 %). Mais cette progression est bien inférieure à la moyenne nationale, qui atteint 28,9 %. Les Hauts-de-France sont la région où la situation s’est le plus dégradée : 1.420 dirigeants ont perdu leur emploi, un chiffre en hausse de 63,4 % par rapport au premier semestre de 2021.
En Bourgogne-Franche-Comté, le nombre de dirigeants au chômage a lui aussi fortement augmenté (+43,5 %). Trois autres régions ont enregistré des hausses de plus de 30 % des pertes d’emploi : la Bretagne, la Normandie et l’Occitanie. En Corse, le nombre de dirigeants ayant perdu leur emploi a reculé de 1,4 %. C’est la seule région dans cette situation.
Avec la crise énergétique et la persistance de l’inflation, l’horizon s’obscurcit pour les chefs d’entreprise. Interrogé ce lundi sur France Inter, Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, a relayé l’inquiétude grandissante des patrons concernant notamment « les économies d’énergie qu’il va falloir faire, le retour de l’inflation, les pénuries de matières premières et les difficultés de recrutement ».