Les entreprises françaises l’ont bien compris : les technologies numériques servent leur décarbonation. Mais leurs équipes dirigeantes omettent souvent d’intégrer les initiatives et les projets dont elles sont porteuses dans leurs objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Ce profond décalage ressort d’ une étude que le groupe Accenture consacre à la technologie responsable et dont le contenu est dévoilé ce vendredi matin au 4e Forum de Giverny. Un rendez-vous annuel de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) où plusieurs ministres sont attendus.
Chez 96 % des 60 sociétés sondées, parmi les 500 entreprises couvertes à l’échelle mondiale par l’étude de ce conseil en stratégie, le numérique est perçu comme un levier important de mise en oeuvre des initiatives de développement durable. Mais il a, lui aussi, des impacts importants sur l’environnement, comme ceux liés aux déchets informatiques. « Avec l’essor des activités en ligne et des technologies utilisées par les populations, la consommation d’énergie et les émissions de CO2 dues à l’Internet explosent », pointe l’étude.
Des problèmes éthiques et sociaux
De surcroît, le déploiement de ces technologies n’est pas sans poser des problèmes éthiques et sociaux. Deux derniers écueils que seulement 21 % des entreprises françaises sondées s’emploient à faire éviter à leurs services numériques, à travers une batterie d’indicateurs.
« La technologie responsable n’est pas encore au coeur de la stratégie globale des entreprises françaises. C’est le cas pour seulement 4 % d’entre elles, contre 7 % au niveau mondial », indique Carole Davies-Filleur, directrice en charge du développement durable chez Accenture Technology.
Des entreprises peu coalisées
Point fort des sociétés françaises, beaucoup s’entourent des conseils de partenaires experts, comme les ONG et les clubs de réflexion, pour développer des services numériques durables. La moitié de l’échantillon de l’étude d’Accenture s’appuie sur eux. En revanche, les entreprises tricolores s’impliquent moins facilement dans des coalitions industrielles pour développer des outils partagés de mesures d’impact de leurs technologies, comme les éco-scores. Seulement 25 % d’entre elles se livrent à cet exercice, contre 37 % à l’échelle mondiale.
« Pour exploiter pleinement son potentiel, la stratégie du numérique responsable doit être complètement alignée avec la stratégie de développement durable », résume Romain Mouton, le président du Cercle de Giverny, le laboratoire d’idées partenaire de l’étude d’Accenture.
Les experts d’Accenture émettent plusieurs recommandations. La plus parlante consiste à intégrer la performance ESG au sein du cycle de vie des services numériques des entreprises. Par exemple, « il faut établir des indicateurs de performance RSE pour chaque projet informatique », estime Carole Davies-Filleur.