Prix de l’énergie : Elisabeth Borne prend le risque d’un bouclier tarifaire moins généreux

La Première ministre a annoncé ce mercredi que le bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie serait prolongé en 2023, mais cette fois avec des hausses de prix pour le gaz et l'électricité limitées à +15 %. Des chèques énergie exceptionnels vont aussi être envoyés à 12 millions de foyers. Le coût brut de ces mesures est de 47 milliards d'euros pour les finances publiques.


Illustration facture de gaz. LP/Jean-Baptiste Quentin

D’ordinaire c’est en septembre qu’on annonce une rentrée à risque pour le gouvernement, mais celle de janvier promet de mériter bien plus ce qualificatif cette fois. Après une année de quasi-gel des prix de l’énergie pour les ménages, l’exécutif s’est résolu à laisser passer début 2023 une hausse de 15 % de la facture de gaz et de l’électricité des Français, en espérant que ceux-ci lui sauront gré d’avoir amorti le choc jusque-là.

Alors que les inquiétudes de l’opinion publique sont fortes sur l’inflation et que les prix du gaz et de l’électricité connaissent des bouffées de fièvre, l’exécutif a présenté ce mercredi son plan énergétique pour les mois à venir . « Il fallait qu’on envoie des signaux rapides pour rassurer et éviter que les tensions n’alimentent les hausses de prix », explique un membre de la majorité.

Elisabeth Borne rassurante

Après avoir laissé planer fin août le risque de possibles rationnements de courant pour les entreprises , Elisabeth Borne s’est cette fois voulue rassurante. « Dans les scénarios les plus probables, si chacun prend ses responsabilités et fait preuve de la sobriété nécessaire, il n’y aura pas de coupure », a assuré la Première ministre. La cheffe de la majorité a insisté sur la nécessité d’allier sobriété et solidarité européenne dans les mois à venir. « Notre objectif, c’est de stopper l’explosion des cours de l’énergie à l’échelle européenne et de les ramener à plus de modération », a-t-elle ajouté.

Mais dans l’attente d’une accalmie, c’est sur la question de la protection des ménages face à ces hausses de prix que le gouvernement était le plus attendu. En 2022, le bouclier tarifaire mis en place avait acté un gel du prix du gaz et une hausse limitée à 4 % pour l’électricité. « La France est le pays qui a le mieux protégé les ménages en Europe », a assuré Elisabeth Borne. Mais celle-ci a reconnu qu’il fallait « continuer à répondre aux inquiétudes tout en veillant à ne pas creuser davantage notre dette ».

Pour tenir les deux bouts de la corde, le gouvernement va donc maintenir le bouclier tarifaire, mais dans un format moins généreux. En clair, les prix du gaz et de l’électricité vont augmenter de 15 % en 2023 (respectivement en janvier et février), là où la hausse aurait dû être de 120 % pour refléter l’évolution des cours, selon les calculs de l’exécutif. Pour les ménages se chauffant au gaz, cela représente « une hausse moyenne des factures de 25 euros par mois, au lieu d’environ 200 euros par mois sans bouclier tarifaire », a assuré la Première ministre, tandis que l’augmentation sera de 20 euros par mois pour ceux se chauffant à l’électricité (180 euros par mois sans bouclier tarifaire).

Montants gargantuesques

C’est toujours moins que ce qu’ont connu les consommateurs britanniques, allemands ou néerlandais, mais le gouvernement a bien conscience que cette hausse reste très sensible politiquement. Raison pour laquelle il l’accompagne de chèques énergies exceptionnels de 100 à 200 euros envoyés début 2023 à 12 millions de foyers – soit 40 % de la population, ce qui n’en fait pas un dispositif particulièrement ciblé. C’est plus généreux que le même geste de l’an dernier , qui concernait moitié moins de personnes pour 100 euros seulement.

Et si cela ne suffisait pas, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a dit « ne pas fermer la porte » à un geste additionnel sur le carburant pour les travailleurs l’an prochain, alors que cela semblait exclu pour le moment.

Au final, alors qu’il promettait des dispositifs ciblés pour refermer les vannes budgétaires, le plan présenté ce mercredi aboutit à une facture gargantuesque du bouclier tarifaire de 45 milliards d’euros pour les finances publiques. Mais attention, il s’agit seulement du coût brut, avertit Bercy, qui préfère insister sur un coût net de 16 milliards (11 milliards pour le gaz, 5 milliards pour l’électricité).

Pas de retour du « quoi qu’il en coûte »

La crise énergétique fait en effet également rentrer des recettes exceptionnelles – notamment 20 milliards d’euros de surprofits repris en 2023 aux producteurs d’énergie solaire et éolienne , mais aussi à la Compagnie nationale du Rhône – qui vont amortir le choc. La mise à contribution d’EDF comme l’an dernier – qui avait provoqué l’ire de l’entreprise – reste aussi en suspens. Enfin le chèque énergie va coûter 1,8 milliard, financé grâce à des reliquats sur le budget 2022.

Malgré ces montants conséquents, Bruno Le Maire assure que « le quoi qu’il en coûte est derrière nous » avec « des sommes qui sont sans comparaison avec celles déboursées pendant la crise sanitaire ». « Il faut absolument éviter de renouer avec une telle politique qui ne ferait qu’alimenter l’inflation », a-t-il assuré.


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