Le coût de la dette publique devrait bondir de près de 20 milliards d’euros d’ici à 2027

Après des années « d'argent magique », la charge de la dette devrait grimper tout au long du quinquennat pour représenter 60 milliards d'euros en 2027, soit près de trois fois son niveau de 2020. Un facteur d'inquiétude, au moment où les marchés redeviennent nerveux sur les taux européens.


Ministere de l'Economie et des Finances.

Quand il avait alerté à la fin de l’été sur « la fin de l’abondance » , Emmanuel Macron avait pris de soin de préciser que cela valait pour les matières premières comme pour « les liquidités sans coût ». De fait, la trajectoire des finances publiques dévoilée ce lundi par l’exécutif acte bien « la fin de l’insouciance » aussi annoncée par le chef de l’Etat : le coût de la dette devrait grimper de près de 20 milliards d’euros durant le quinquennat, selon le scénario central de Bercy, pour atteindre un niveau quasiment trois fois supérieur à celui enregistré en 2020.

De fait, la France s’apprête à sortir de l’ère ouverte par le « whatever it takes » de Mario Draghi en 2012, quand celui qui était alors dirigeant de la BCE avait ouvert les vannes des liquidités pour sauver la zone euro. Les taux d’emprunt de la France avaient chuté, et le coût de la dette avec eux, quand bien même l’endettement continuait de progresser : la charge d’intérêt était ainsi passée de 44,5 milliards en 2011 à 23 milliards en 2020 (en comptabilité maastrichienne, celle qui compte pour les règles européennes).

Des économies budgétaires faciles, qui ont grandement facilité la vie des gouvernements de François Hollande puis d’Emmanuel Macron.

Le choc de l’inflation

Mais les temps changent. Déjà en 2022, la facture devrait fortement grimper, de plus de 17 milliards d’euros, à 42,2 milliards. Certes, la dette a grossi durant la crise sanitaire (111,5 % du PIB cette année, contre moins de 100 % avant le Covid) mais c’est surtout l’inflation – une partie des obligations française est indexée sur l’évolution des prix – qui explique ce mouvement. L’an prochain, le ralentissement attendu de l’inflation devrait entraîner une petite accalmie, et faire refluer la charge d’intérêt à 37,5 milliards.

Mais il ne s’agit que d’un court répit. Bercy anticipe une fin de « l’argent magique » et un relèvement progressif des taux auxquels la France se finance à 10 ans. Dans la loi de programmation des finances publiques dévoilée en début de semaine, ceux-ci sont attendus à 2,50 % fin 2022 puis 2,60 % fin 2023 avant de converger vers 3 % à l’horizon 2027.

Ce scénario pourrait lourdement alourdir le coût de la dette : celui-ci passerait de 42,2 milliards donc en 2022, à 60,6 milliards en 2027. Une différence de près de 20 milliards – 18,4 milliards très précisément – soit quasiment le budget du ministère de l’Ecologie cette année (20,6 milliards).

« Ça pourrait être un peu sous-estimé et plus fort en réalité si la hausse des taux était plus importante », a mis en garde Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, devant la commission des Finances de l’Assemblée ce mercredi. « Cela rend d’autant plus important de faire baisser notre ratio de dette », a ajouté celui qui est également président du Haut Conseil des finances publiques.

Flambée de la facture

Dans ses hypothèses, Bercy calcule ainsi que des taux plus élevés de 1 point entraîneraient une hausse supplémentaire de 17 milliards de la charge d’intérêt. Avec des taux plus élevés de 2 points – on serait alors à près de 5 %, le niveau du début du siècle – la facture passerait même au total à 93,9 milliards ! A contrario, des taux plus bas auraient des effets inverses dans les mêmes proportions.

Lors de son audition, Pierre Moscovici a pris soin de préciser que « la dette française reste soutenable et finançable ». De fait, la charge d’intérêt ne devrait représenter que 2,1 % du PIB en 2027, contre 1,8 % en 2022. Un niveau raisonnable, qui explique sans doute que la France continue à placer sans trop de problèmes des montants importants de dette sur les marchés – encore 270 milliards l’an prochain, soit un record . « On a la confiance des investisseurs, on le voit dans nos levées », a fait valoir mercredi Gabriel Attal, le ministre délégué des Comptes publics, sur BFM Business.

Mais les marchés redeviennent nerveux, et les taux d’emprunt des Etats européens sont repartis en forte hausse depuis quelques jours. La Grande-Bretagne est, de ce point de vue, devenue l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire, le déficit public massif assumé par Liz Truss en fin de semaine dernière ayant provoqué une flambée de son taux. Raison pour laquelle le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé ce mardi à « garder le cap d’une politique budgétaire française ancrée sur une norme de dépenses réellement tenue ».

Une pierre dans le jardin du gouvernement, qui prévoit un haut niveau de déficit public, à 5 % du PIB l’an prochain.


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