Grève à TotalEnergies: un compromis trouvé sans la CGT, on vous explique ce qu’il se passe

Le groupe TotalEnergies et deux syndicats majoritaires semblaient vendredi en voie de s’accorder sur une augmentation des salaires. La CGT, à l’origine de l’arrêt de travail qui depuis 18 jours en France a refusé l’accord et promis de continuer la grève.


Sous pression du gouvernement et d’une grève qui dure depuis 18 jours, la direction du groupe pétrolier avait convié les quatre syndicats représentatifs à négocier en urgence dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce n’est qu’à 3h30 du matin que les représentants des deux syndicats réformistes CFDT et CFE-CGC sont sortis du siège de TotalEnergies à La Défense, pour annoncer qu’ils étaient favorables à la dernière proposition de la direction, selon eux de 7 % d’augmentation de salaire et 3 000 à 6 000 euros de prime.


Sous pression du gouvernement et d’une grève qui dure depuis 18 jours, la direction du groupe pétrolier avait convié les quatre syndicats représentatifs à négocier en urgence dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce n’est qu’à 3h30 du matin que les représentants des deux syndicats réformistes CFDT et CFE-CGC sont sortis du siège de TotalEnergies à La Défense, pour annoncer qu’ils étaient favorables à la dernière proposition de la direction, selon eux de 7 % d’augmentation de salaire et 3 000 à 6 000 euros de prime.

«  L’équipe de négociation CFDT donne un avis favorable aux mesures qui sont sur la table », a déclaré Geoffrey Caillon, coordinateur CFDT. L’avis est également «  plutôt favorable » à la CFE-CGC, selon son coordinateur Dominique Convert. Chaque syndicat va désormais consulter ses adhérents pour décider de signer, ou non, l’offre, avant vendredi midi.

Un accord avant 12h ?

«  On a soumis un accord pour signature avant midi », a confirmé Namita Shah, membre du comité exécutif de TotalEnergies, sans corroborer le chiffre de 7 %, qui est supérieur aux 6 % proposés jeudi.

La CGT, elle, avait déjà quitté l’immeuble, non sans avoir préventivement dénoncé l’accord des deux autres syndicats, forts de 56 % de représentativité à eux deux.

5 % d’augmentation + 2 %

Les négociateurs de la CGT ont quitté entre les syndicats et la direction de TotalEnergies depuis le début de la grève des raffineries. «  Les propositions qui sont sur la table sont largement insuffisantes  », a commenté Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la plateforme TotalEnergies Normandie, dénonçant une « mascarade ». Le négociateur a sous-entendu que les syndicats réformistes (CFE-CGC et CFDT) signeraient en revanche un accord : «  On pense fortement qu’il y a des organisations syndicales, qui n’appelaient pas à la grève, qui vont être signataires de cet accord en espérant mettre fin au mouvement .  »

Mais, selon la CGT, les grévistes des sites TotalEnergies n’accepteront pas lors de votes vendredi l’offre faite par TotalEnergies, soit 5 % d’augmentation générale avec un plancher d’augmentation à 2000 euros. La CGT dit avoir fait une contre-proposition, qu’elle n’a pas dévoilée.

«  Nous, on était parti pour parler de 2022, c’est-à-dire 10 % : un rattrapage de 7 % de l’inflation et une compensation de 3 % par rapport aux résultats. Ça, on a eu que dalle  », a précisé la CGT à La Voix du Nord, ce matin au dépôt de Mardyck. «  Vous avez été averti avant nous (parce que Total marche avec des communiqués de presse maintenant) qu’on allait avoir 6 %, au final on n’a même pas 6 %, on 5 % et pour 2023 .  »

FO partage la déception. «  On annonce 7 % mais il faut savoir qu’ils découpent. C’est 5 % d’augmentation générale garantie + 2 % au titre de la performance individuelle dont on sait que sur l’ensemble des sites, c’est généralement un peu moins d’une personne sur deux qui touche les 2 % supplémentaires  », détaille le syndicaliste FO, Clément Mortier, interrogé ce matin à Mardyck. «  Donc là aujourd’hui on a seulement une garantie de 5 %. Avec une prime exceptionnelle en fin d’année correspondant à un mois de salaire, avec un plancher minimum de 3000 euros  ».

«  Ça ne changera rien à l’état d’esprit et à la détermination des grévistes », a prédit Alexis Antonioli, espérant désormais «  la généralisation du mouvement. »

Le mouvement des raffineries s’est de fait déjà mué en appels à la grève générale, et mardi prochain devrait être l’occasion d’une grande journée de grève nationale, des transports aux fonctionnaires, suite à l’appel jeudi de quatre grands syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU) et de plusieurs organisations de jeunesse. La grève de mardi touchera en particulier la SNCF et la RATP.

L’ouverture des négociations s’est faite après les réquisitions gouvernementales de salariés dans la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon en Normandie, et au dépôt de Flandres de TotalEnergies à Mardyck, près de Dunkerque, pour rouvrir les vannes.

Sur le terrain (Dunkerque et Gravenchon), les premiers salariés réquisitionnés, forcés de travailler sous peine de sanctions pénales, ont permis de libérer de premiers stocks de carburants par oléoduc (7 000 mètres cubes du dépôt de Gravenchon en Normandie en 24 heures, selon le gouvernement) et par la route (25 camions-citernes jeudi), sans encombre.

Pour accélérer la reprise, le gouvernement a de nouveau autorisé les camions-citernes à rouler ce week-end, alors que les poids lourds ont normalement interdiction de rouler du samedi 22h au dimanche 22h.

Mais la situation pourrait rester compliquée : un responsable CGT de Mardyck relativise la reprise de l’activité sur le site grâce aux réquisitions : « Ce n’est pas avec ce qui sort qu’on va réalimenter toutes les stations des Hauts-de-France  », relaie notre journaliste sur place ce matin au dépôt.


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