Jusqu’au bout aura subsisté l’espoir que l’Etat lâcherait du lest. Mais les voeux d’Emmanuel Macron aux acteurs de la santé le vendredi n’ont pas ouvert la porte à un accord avec les laboratoires de biologie médicale, en révolte face aux ponctions financières prévues sur le secteur. Les biologistes, qui font déjà depuis le 2 janvier la grève de la remontée des résultats des tests Covid dans la base nationale Sidep, vont donc mettre à exécution leur menace d’une grève d’une semaine .
« Sur les 4.200 laboratoires de biologie médicale de France, 4.000 seront fermés du 9 au 15 janvier. 200 resteront ouverts pour assurer les urgences en lien avec les hôpitaux et les cliniques », annonce Alain Le Meur, porte-parole de l’alliance de la biologie médicale. Ce front uni rassemblant les syndicats du secteur et les grands laboratoires privés (Eurofins, Biogroup, Cerba etc.) durcit ainsi le ton avec cette grève plus longue que les précédentes.
Investissements coûteux
En cause : les prélèvements financiers et les économies imposées par la loi de financement de la Sécurité sociale 2023 pour « rembourser » 1,3 milliard d’euros au titre des bénéfices Covid d’ici à 2026. Un montant jugé excessif par les biologistes, selon lesquels cela entraînerait la fermeture d’au moins 400 laboratoires de proximité, notamment dans les déserts médicaux et la suppression de 10.000 emplois indirects.
Le secteur rappelle que depuis dix ans, les tests sont devenus plus complexes, plus rapides et plus nombreux, contraignant à des investissements en équipements onéreux . La biologie moléculaire coûtant cher, « notre nombre d’actes a augmenté de 30 % en neuf ans, mais dans le même temps notre marge a baissé. Elle ne peut plus baisser davantage ! », assure François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes.
« Besoin de visibilité »
Depuis l’automne, les biologistes négociaient avec la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM) sur les prélèvements annuels jugés acceptables mais le refus de celle-ci de s’engager au-delà de 2024 a conduit au blocage. « Le secteur fonctionne habituellement avec un protocole de trois ans et nous avons besoin de visibilité », souligne François Blanchecotte.
Les négociations ont été rompues fin décembre. Si le 16 janvier, au terme de la semaine de grève, elles n’ont pas repris, « les laboratoires arrêteront les tests PCR, pour une durée indéterminée », prévient Alain Le Meur. Les biologistes en réalisent actuellement 100.000 par semaine.
Pour reprendre les négociations, l’alliance de la biologie médicale en appelle au président de la République dans une lettre ouverte. « Depuis dix ans, nous participons à la baisse des dépenses de santé : 5,2 milliards d’euros d’économie pour un coût moyen de biologie par patient et par an de 57 euros (contre 83 euros en Allemagne) alors que la biologie se spécialise et que les pathologies se complexifient », rappelle-t-elle.