La tension ne cesse de monter ces derniers mois entre la Chine et Taïwan , la deuxième puissance mondiale cherchant à regagner sa souveraineté sur l’île. Une éventuelle guerre figure en haut des risques identifiés par les directions des achats des entreprises françaises. Selon une étude, 26 % d’entre elles « ont élaboré un plan d’achats spécifique en cas d’invasion ».
L’enquête, dirigée par le cabinet AgileBuyer et le Conseil national des achats, a été menée auprès de 900 professionnels, interrogés entre le 15 novembre et le 6 décembre 2022, dont 42 % travaillant au sein de grands groupes et 37 % au sein d’entreprises de taille intermédiaire comportant entre 250 et 4.999 salariés.
Pour ces entreprises, « Taïwan est un des premiers fournisseurs en termes de composants électroniques et dans de nombreux secteurs, à l’exemple de l’aéronautique et de l’automobile », rappellent les auteurs de l’étude.
Le précédent ukrainien
« Longtemps, les entreprises n’ont pas anticipé le risque : on a eu les gilets jaunes, le Covid, l’Ukraine, il y a donc maintenant un travail beaucoup plus important sur la gestion des risques », a affirmé à l’AFP Olivier Wajnzstok, directeur d’AgileBuyer. Selon lui, « les conséquences de la guerre en Ukraine, c’est juste un petit apéro par rapport aux conséquences s’il y a une invasion de Taïwan ».
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Il est parfois difficile de changer de fournisseur comme dans le cas de certaines puces électroniques pour lesquelles Taïwan détient une part écrasante de la production mondiale. Mais les directions des achats essaient le plus possible de diversifier leurs sources d’approvisionnement.
Près d’une entreprise sur deux envisage ainsi de relocaliser ses achats. Selon l’étude, on parle désormais du « friendshoring » pour désigner une relocalisation des approvisionnements dans un pays ami, une pratique dont « l’Inde bénéficie de façon extraordinaire », selon Olivier Wajnzstok.
Le risque énergétique toujours au plus haut
Outre ce risque de guerre entre Taïwan et la Chine, les entreprises font toujours face, en 2023, aux risques liés au coût élevé de l’énergie . La bonne nouvelle est que « 68 % des directions achats sont couvertes à 50 % et plus sur leurs contrats d’énergie », d’après l’étude. Mais toutes les entreprises ne se sont pas couvertes à l’avance contre l’imprévu, souligne Olivier Wajnzstok. Près d’un directeur des achats sur deux se dit confronté à des fournisseurs qui « vont jusqu’à casser des contrats ».
D’une manière générale, les fournisseurs sont désormais souvent en position de force pour renégocier leurs tarifs. 87 % des entreprises interrogées se disent forcées de renégocier en raison de l’inflation et plus de quatre directions des achats sur cinq estiment que certains fournisseurs profitent d’une « aubaine » et pratiquent une « inflation opportuniste », 15 % jugeant même que ce comportement de profiteur est majoritaire.