Et si le bout du tunnel n’était pas encore en vue ? Alors que la Banque de France et le gouvernement jugent que l’inflation devrait commencer à refluer à partir du milieu de cette année, le patronat affiche une vision moins optimiste.
« Je suis très prudent quant au reflux de l’inflation, et je ne suis pas du tout certain que cela va ralentir en 2023 et 2024 » comme certains le prédisent, a averti Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, ce mercredi à l’occasion de la présentation de ses voeux à la presse.
Economistes sans boussole
Le dirigeant patronal affiche désormais une certaine distance par rapport aux prévisions économiques. « Depuis le Covid, ce que nous constatons, c’est que les économistes ont perdu leur boussole », explique-t-il. A rebours des attentes, le patronat estime au contraire que plusieurs facteurs militent pour que l’inflation perdure. « La réalité est que nous allons entrer malgré nous dans une spirale d’inflation », décrypte Geoffroy Roux de Bézieux.
Celui-ci décrit ce qui ressemble à la fameuse boucle « prix-salaires » redoutée par les économistes et le gouvernement. « Les négociations annuelles obligatoires se font avec des représentants de salariés qui vont logiquement demander des hausses de salaires significatives » au vu du niveau d’inflation, bien supérieures à celles de l’an dernier à pareille époque . Autre facteur, « les entreprises ont besoin de recruter et fidéliser, et le salaire fait partie des éléments qui entrent en compte ». « Cela va se répercuter d’une manière ou d’une autre dans les prix », souligne Geoffroy Roux de Bézieux.
Négociations impossibles
C’est dans ce contexte que se poursuivent les discussions entre partenaires sociaux sur le partage de la valeur en entreprise . « C’est une négociation impossible parce que les membres du gouvernement et les membres du parti Renaissance ont annoncé les résultats avant la fin » des débats, a critiqué le dirigeant patronal .
L’exécutif et le parti présidentiel veulent une loi dans le courant de l’année, qui « imposerait une participation généralisée dans les entreprises de moins de 50 salariés » et prévoirait « un système beaucoup moins clair de participation à des super-dividendes » en cas de profits exceptionnellement élevés, selon le président du Medef.
L’organisation patronale a hésité à quitter les discussions devant la situation, mais a préféré finalement rester. « La négociation a permis de dresser un état des lieux assez intéressant des dispositifs existants », a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux.