Accueil des réfugiés ukrainiens en France : après l’urgence, le défi de la durée

Les quelque 115.000 déplacés ukrainiens arrivés depuis un an ont été accueillis dans des « conditions satisfaisantes », au prix d'un coût important (634 millions), estime la Cour des comptes


Ukrainian refugees queue at the admission desk to be able to stay in France at the Alpes Maritimes Prefecture in the French riviera city of Nice, on March 24, 2022, on the 29th day of the Russian invasion of Ukraine. - The UN General Assembly of 193 states adopted on March 24, 2022 with an overwhelming majority of 140 votes a new resolution that "demands" from Russia an "immediate" end to the war in Ukraine. (Photo by Valery HACHE / AFP)

L’accueil des Ukrainiens en 2022 a coûté environ 630 millions d’euros à la France, a estimé mardi la Cour des comptes. Cette prise en charge exceptionnelle représente en moyenne le double du budget alloué aux demandeurs d’asile « classiques ».

Les quelque 115.000 déplacés ukrainiens arrivés dans l’Hexagone depuis un an ont été accueillis dans des « conditions satisfaisantes », grâce au régime inédit de la « protection temporaire ». Ce dernier leur a permis de s’installer librement en bénéficiant d’une quantité sans précédent de droits sociaux : accès au travail, aux services de santé, à la scolarisation des enfants, à l’hébergement d’urgence…

Allocation et hébergement

« Cette réactivité n’a pas été sans prix », souligne la juridiction financière dans le rapport d’audit flash qu’elle a rendu public mardi. « L’ensemble des dépenses engagées par l’Etat et la Sécurité sociale pour la protection temporaire des Ukrainiens devrait s’élever à environ 634 millions d’euros pour l’année 2022. » L’essentiel de cette dépense est constitué de l’allocation versée à ces déplacés (218,46 millions) et l’hébergement (253,27 millions).

La Cour des comptes a relevé un surcoût important, qui tient surtout « à l’urgence » dans laquelle cet accueil a dû s’organiser. Ainsi, le « coût unitaire » pour un Ukrainien a représenté en 2022 « presque le double de celui des dispositifs offerts aux demandeurs d’asile classiques », notent les magistrats financiers.

Dans le détail, pour l’hébergement, « le coût par place et par jour s’est élevé à 38 euros en moyenne nationale, là où la mise à l’abri de droit commun […] est en moyenne inférieure à 20 euros et à 18 euros dans le dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile ».

Mieux encadrer l’hébergement citoyen

L’autorité administrative recommande par ailleurs de « mieux encadrer l’hébergement citoyen », sur lequel pèse selon elle 40 % du poids de l’accueil. Depuis fin 2022, près de 900 foyers accueillant des déplacés ukrainiens perçoivent une aide financière de l’Etat, environ 150 euros mensuels, ce qui a représenté une enveloppe de quelque 786.000 euros, avait indiqué la semaine dernière à l’AFP le ministère du Logement. Or, la Cour alerte sur le fait que « la capacité à maintenir une indemnisation » n’est « pas garantie ».

D’une manière générale, l’inscription dans la durée du conflit en Ukraine pose un sérieux défi, selon les magistrats financiers. Ils considèrent à cet égard que « l’absence d’inscription de crédits dans la loi de finances pour 2023 prive l’ensemble des intervenants de la visibilité nécessaire pour organiser les moyens d’agir ». A leurs yeux, cette situation fait peser un risque sur la trésorerie des associations et opérateurs privés engagés dans cet accueil aux côtés de l’Etat. La Cour exhorte donc le gouvernement à estimer les crédits budgétaires pour l’année.


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