Trois ministres pour dresser le bilan de la lutte contre les stupéfiants. Gérald Darmanin (Intérieur), Gabriel Attal (Comptes publics) et Eric Dupond-Moretti (Justice) ont dévoilé en grande pompe les chiffres record de saisies effectuées l’an dernier par les autorités françaises. Au total, 156,7 tonnes de drogue sont tombées entre leurs mains, dont 128 tonnes de cannabis et 27 tonnes de cocaïne.
Un bilan flatteur que le gouvernement met sur le compte d’un travail commun aux trois ministères. Ils ont notamment souligné l’efficacité de l’ Office anti-stupéfiants (Ofast), qui a été lancé le 1er janvier 2020, et qui fait figure de « structure modèle en matière de coordination », selon les termes de Gabriel Attal.
Ports gangrenés
Malgré ces bons résultats, les ministres ont insisté sur la menace croissante que représente le trafic de drogue, pointant la situation particulièrement critique des Pays-Bas et de la Belgique, où les réseaux criminels – notamment la Mocro Maffia issue du Maroc – menacent des ministres ou des juges et gangrènent les ports d’Anvers et de Rotterdam.
Gérald Darmanin a rappelé que « 80 % de la cocaïne arrive par voie maritime » et a annoncé un renforcement des moyens pour le port du Havre, point d’entrée majeur de la drogue dans l’Hexagone. Aujourd’hui, cette zone portuaire est dotée de moins d’un policier pour une tonne de stupéfiants. Le ministre de l’Intérieur a promis de tripler les officiers de police judiciaire au Havre. Ils seront 25 à la fin de cette année.
Droit de visite des Douanes
Du côté de Bercy, chargé des Douanes, l’année 2023 sera marquée par une importante réforme en lien avec la lutte contre le trafic de drogue : celle de l’article 60 du Code douanier, qui définit les conditions du droit de visite . Cet article fondamental pour les saisies, qui n’a pas été révisé depuis 1948, a été remis en cause par le Conseil constitutionnel en septembre. Le gouvernement est tenu de le réécrire avant le 1er septembre, pour prévenir les atteintes à la liberté d’aller et venir et à la vie privée.
Ce mercredi, Gabriel Attal a indiqué qu’un texte serait présenté en avril et qu’il donnerait lieu à un projet de loi. « Nous n’abandonnerons pas le droit de visite des douaniers », a-t-il martelé.
Equipements de détection
Le ministre des Comptes publics a aussi annoncé qu’il allouerait 45 millions d’euros supplémentaires aux Douanes pour les équipements de détection de stupéfiants afin d’empêcher un « tsunami blanc » en France.
Gabriel Attal, qui revient des Etats-Unis où il est allé voir un centre de répression des fraudes douanières utilisant des drones et des outils d’intelligence artificielle, veut s’inspirer de ces méthodes et renforcer la coopération entre les Douanes et la police aux frontières, sans fusionner les services. Il a également indiqué que la coopération entre la France et les Etats-Unis dans la lutte antidrogue serait renforcée.
Cette visite outre-Atlantique lui a donné l’occasion d’évoquer la menace que représentent les nouvelles drogues de synthèse et en particulier le Fentanyl, qui fait des ravages aux Etats-Unis . « A ce stade, il n’y a pas encore eu beaucoup de saisies en France, mais c’est un vrai risque », a-t-il alerté. Ce sujet figurera dans le nouveau plan de lutte anti-stupéfiants l’an prochain.