Quatre jours après la chute constatée samedi dernier, la mobilisation contre la réforme des retraites a connu un léger rebond mais pas de fort ressaut ce mercredi à l’appel de l’intersyndicale.
Au total 480.000 personnes ont défilé dans toute la France, dont 37.000 à Paris, selon la police, contre 380.000 le week-end dernier. Par rapport au 7 mars, dernier jour de mobilisation en semaine, la chute est importante. Il y avait eu ce jour-là 1,28 million de manifestants dans tout le pays, selon le ministère de l’Intérieur.
La CGT a recensé elle 1,7 million de personnes dans la rue, contre 3,5 millions le 7 mars, soit deux fois moins. La décrue de la mobilisation se confirme.
Durcissement dans certains secteurs
Le taux de gréviste a fortement chuté chez les agents publics, selon le ministère de la Fonction publique. Il est descendu sous les 3 % au sein de l’Etat comme dans les collectivités locales. Il a été divisé par deux dans la fonction publique hospitalière, à 4,5 %.
Du côté de la RATP, le mouvement est aussi retombé : le service ne restera perturbé ce jeudi que sur les RER A et B. Des grèves ou des blocages ont, en revanche, continué de toucher les activités de l’énergie, provoqué l’annulation de 20 % des vols à Orly et contrarié la collecte des ordures, en particulier à Paris .
Trois actifs sur quatre opposés à la réforme
Ce durcissement du conflit dans certains secteurs n’a pas pour autant retourné l’opinion comme c’est traditionnellement le cas. Avec la vigueur de l’unité syndicale, qui pour l’instant ne se dément pas, la force et la durabilité de son soutien sont l’autre caractéristique majeure de ce conflit social, que confirme un sondage réalisé par Elabe pour BFMTV publié mercredi.
Selon cette enquête réalisée en ligne les 13 et 14 mars auprès d’un échantillon représentatif de 1.002 personnes de 18 ans et plus, 68 % des Français et trois actifs sur quatre continuent à se déclarer opposés à la réforme. Par ailleurs, 26 % des Français et 28 % des actifs considèrent que la mobilisation doit « continuer de la même façon qu’actuellement » et 42 % des Français et 49 % des actifs qu’elle doit même « se durcir ». Une mobilisation pour laquelle les deux tiers des Français et près des trois quarts des actifs affirment avoir de la sympathie.
Un défi pour les syndicats
Fatalistes – un quart des personnes interrogées seulement pensent que la réforme sera retirée -, 62 % des Français et 68 % des actifs estiment que même si la réforme est votée à la majorité par l’Assemblée, il faudrait « poursuivre la mobilisation », un défi pour les syndicats. Reste à en définir la forme.
Ne votez pas cette loi, elle est déconnectée de la réalité concrète du travailLaurent Berger CFDT
Et là encore, la voie qu’ils ont commencé à dessiner recueille l’assentiment du plus grand nombre puisque 75 % des Français et même 81 % des actifs se déclarent favorables ou très favorables à l’organisation d’un référendum sur la réforme si elle est adoptée, y compris par un vote et non le 49.3 contre lequel l’hostilité est massive.
« Ne votez pas cette loi, elle est déconnectée de la réalité concrète du travail », a exhorté le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, en direction des parlementaires qui doivent se prononcer ce jeudi. Tandis que le numéro un de Force ouvrière, Frédéric Souillot, a estimé que l’exécutif prenait « le risque d’une explosion » en « balayant d’un revers de la main » le mouvement social contre sa réforme.
« Quoi qu’il arrive, pour nous, il faut continuer le combat », a affirmé de son côté Philippe Martinez, le leader de la CGT.