C’est une aide qui en appelle d’autres. Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, mardi, l’octroi probable d’une aide financière de 15,6 milliards de dollars à l’Ukraine pour quatre ans. Jamais dans son histoire n’avait-il accordé d’aide à un pays en guerre.
Cet accord entre les équipes du Fonds sur place et le gouvernement ukrainien sera soumis à l’approbation finale du conseil d’administration dans les prochaines semaines. Il « devrait aider à mobiliser des financements à grande échelle auprès des donateurs et partenaires internationaux de l’Ukraine », a souligné le Fonds dans son communiqué.
Les besoins sont importants. « L’invasion […] continue d’avoir un effet dévastateur sur l’économie. Le PIB s’est replié de 30 % en 2022, une large part de l’appareil industriel a été détruite et la pauvreté s’est envolée », a rappelé dans un communiqué le chef de la mission du FMI Gavin Gray.
Une large part de l’appareil industriel a été détruite et la pauvreté s’est envolée.Gavin Gray (FMI)
La Banque mondiale a d’ailleurs revu à la hausse ses premières estimations des dommages occasionnés à l’économie Ukrainienne par l’invasion d’une partie de son territoire par la Russie. En un an, les dommages dépassent les 410 milliards de dollars.
Une aide en deux temps
L’aide passe par une facilité élargie de crédit, un instrument du FMI créé en 1974 pour aider les pays à résoudre des problèmes de balance des paiements à moyen et à long terme. L’effondrement de l’économie ukrainienne l‘an passé devrait être suivi d’une reprise partielle et graduelle cette année. Le Fonds prévoit actuellement une croissance du PIB comprise entre – 3 et +1 % pour l’année en cours.
Le programme lié à cette aide doit se dérouler en deux phases. La première, qui s’étalera sur les 12 à 18 premiers mois du programme, est destinée à consolider la stabilité budgétaire par un renforcement de la collecte des recettes fiscales. Elle vise aussi à éliminer la monétisation de la dette publique et à promouvoir l’indépendance de la banque centrale. Elle s’accompagnera d’un engagement des autorités ukrainiennes à lutter contre la corruption, notamment par des mesures législatives.
La deuxième phase devrait voir l’Ukraine revenir aux cadres politiques d’avant-guerre avec un régime de taux de change flexible et un ciblage de l’inflation. Les politiques budgétaires se concentreraient sur la consolidation des recettes fiscales. Des réformes de la gestion des investissements publics destinées à soutenir la reconstruction d’après-guerre seraient mises en oeuvre.
C’est donc une aide destinée à restaurer les grands équilibres économiques et créer les conditions d’une adhésion future à l’Union européenne. Non à reconstruire directement les infrastructures détruites. Pour cela, d’autres fonds plus importants seront requis.