Le message se veut rassurant pour les automobilistes franciliens. Ce vendredi, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé que l’approvisionnement en carburants de l’Ile-de-France avait repris grâce à une intervention, cette nuit, des forces de l’ordre à la raffinerie de TotalEnergies de Gonfreville-L’Orcher, en Normandie. « Le pompage a redémarré » et « cela permet d’approvisionner l’Ile-de-France », a précisé la ministre sur RMC.
La raffinerie de Gonfreville, la plus grande de France, était bloquée par les salariés grévistes opposés à la réforme des retraites . Les gendarmes ont libéré les accès afin que les salariés réquisitionnés puissent prendre leur poste. « Les forces de l’ordre sont intervenues pour déloger le piquet de grève qui était installé devant l’entreprise », a confirmé le secrétaire général CGT de la raffinerie de Gonfreville, Alexis Antonioli.
Alléger les tensions sur le kérosène
Eric Sellini, coordinateur national CGT Chimie, a toutefois relativisé les annonces de la ministre : « Ce sont juste les expéditions qui vont reprendre, très partiellement, et s’ils y arrivent, et sur un seul produit, le kérosène car les aéroports parisiens sont à sec », a-t-il précisé. Jeudi, en effet, le ministère de la Transition énergétique avait fait état d’une situation devenue « critique » concernant l’approvisionnement en kérosène de l’Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie. D’où l’arrêté de réquisition pris à l’égard des grévistes de Gonfreville.
Concernant les stations-service, la situation se tend également. Selon les calculs de l’AFP, 15 % des stations françaises manquaient d’essence ou de gasoil jeudi, un taux qui montait à plus de 40 % en Loire-Atlantique et dans plusieurs départements de Bretagne. Et à en croire les grévistes du secteur de l’énergie, particulièrement mobilisés contre la réforme depuis janvier , la situation pourrait s’aggraver. « Maintenant, avec des dépôts en grève, et cinq raffineries sur six à l’arrêt, l’objectif est de tenir jusqu’au retrait » du texte, a expliqué Eric Sellini.
Les stocks stratégiques entamés
Pour tenter d’éviter les pénuries, le gouvernement a commencé à puiser dans ses stocks stratégiques début mars, a confirmé Agnès Pannier-Runacher. Ces « trois à quatre mois » de stocks doivent permettre de « faire face à tout type de crise », a rappelé la ministre.
Mais selon elle, le déblocage des raffineries reste crucial : « Le sujet, ce n’est pas les stocks mais la logistique », a-t-elle dit. La raffinerie de Gonfreville, alimente par exemple un pipeline « très puissant » et « la meilleure façon d’approvisionner les stocks intermédiaires qui permettent ensuite d’approvisionner les stations-service, c’est de pousser le carburant dans ces pipelines », a rappelé Agnès Pannier-Runacher.
Jeudi, la ministre avait déjà indiqué que le gouvernement n’hésiterait pas à multiplier les réquisitions dans les raffineries et dépôts en grève. « Dès lors que les réquisitions ne pourront être évitées, nous prendrons nos responsabilités », a-t-elle prévenu.