Après la France, l’Allemagne, l’Italie ou encore l’Espagne ces derniers jours, c’est au tour du Royaume-Uni d’afficher une inflation en baisse en mars. Les prix à la consommation ont progressé à un niveau encore élevé, en hausse 10,1% sur un an, selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS) publiés ce mercredi 19 avril. Mais c’est moins qu’en février, où elle s’élevait à 10,4%.
Cette accalmie se révèle être une tendance enregistrée dans les autres économies d’Europe. L’évolution des prix à la consommation est plutôt mince en France (5,7% en mars contre 6,3% en février) mais davantage marquée en Italie (7,6% en mars contre 9,1% en février) et en Allemagne (7,4% en mars contre 8,7% en février). Le constat est flagrant en Espagne, où l’inflation est passée à 3,3% en mars, après 6% en février.
La raison qui explique ce recul est à chercher du côté des prix de l’énergie. Au Royaume-Uni, les prix des carburants et du chauffage ont reculé. Tout comme en Espagne, où les prix des carburants et de l’électricité avaient fortement augmenté sur le même mois de 2022, juste après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
En France par exemple, la hausse des prix de l’énergie est passée de 14,1% en février à 4,9% en mars. Un net repli des produits pétroliers et une décélération plus modeste du gaz ont compensé une accélération des prix de l’électricité. Mieux encore outre-Rhin où l’augmentation est de 3,5% sur un an en mars après avoir bondi de 19,1% en février et de 23,1% en janvier.
Mais les produits alimentaires tirent encore les prix
Malgré cette accalmie sur le front de l’énergie, l’inflation alimentaire a continué en mars, son accélération dans la plupart des économies européennes. Seule l’Espagne l’a vu très légèrement se réduire, mais à +16,5% sur un mois, elle reste considérable. Ce, malgré la suppression depuis décembre de la TVA sur les denrées de première nécessité. Elle s’est élevée à 15,9% en France et même à 22,3% en Allemagne sur ce même mois.
Une raison a été mise en avant par la fédération de commerçants British Retail Consortium (BRC).
« Les prix des denrées alimentaires, en particulier des fruits, des légumes et du sucre, ont augmenté car de mauvaises récoltes en Europe et en Afrique du Nord ont réduit la disponibilité », indique l’institution.
À cela s’ajoute, pour le Royaume-Uni, « la faiblesse de la livre » qui « a rendu les importations plus chères », analyse-t-elle.
Il n’en reste pas moins que, malgré ces baisses constatées partout en Europe, la hausse générale des prix à la consommation demeure à des niveaux élevés et pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. L’avenir semble cependant porteur d’espoir pour la présidente de la Banque centrale européenne (BCE).
« Nous nous attendons à ce que l’inflation en zone euro continue de baisser (…) », a prévenu Christine Lagarde la semaine dernière. Elle s’est néanmoins affichée prudente : « Cette perspective reste toutefois entourée d’incertitudes considérables ».
L’inflation à la baisse est appelée à se poursuivre « étant donné les pressions sur les prix qui s’estompent et le resserrement de la politique monétaire qui freine de plus en plus la demande », selon elle. Mais la « croissance historique des salaires », liée au faible taux de chômage et aux « compensations de l’inflation », devrait continuer à « soutenir l’inflation », a-t-elle tempéré. La BCE reste ainsi prudente quant à ses prévisions, en raison de l’existence de « nombreux risques, autant à la hausse qu’à la baisse », a indiqué Christine Lagarde.
Du côté du Royaume-Uni, qui ne fait pas partie de la zone euro, le British Retail Consortium considère que si « l’inflation des prix alimentaires devrait ralentir dans les mois à venir alors que nous entrons dans la saison de croissance (des fruits et légumes) au Royaume-Uni », les prix à la consommation « resteront élevés ». De quoi mettre la pression sur la Banque d’Angleterre, qui enchaîne depuis fin 2021 les hausses de son taux directeur pour contrer l’inflation, et l’encourager à poursuivre dans cette voie, selon les économistes.