Un cran de moins. L’agence de notation Fitch Ratings a baissé la note de la France de « AA » à « AA- » avec perspective stable désormais , basant sa décision pèle mêle sur des prévisions macroéconomiques de croissance et de désendettement moins optimistes que celles du gouvernement, des tensions sociales qui pourraient peser sur la suite des réformes, tout en reconnaissant la force de l’économie du pays, la stabilité de ses institutions, et l’amélioration du marché de l’emploi.
Annoncée vendredi, avant une journée de mobilisation qui s’annonçait massive, la nouvelle notation fait écho aux doutes émis par le Haut Conseil des finances publiques . Elle relativise quelque peu l’argument opposé à Emmanuel Macron selon lequel la réforme des retraites serait faite essentiellement pour répondre aux exigences des marchés. A moyen ou long terme, l’effet de la réforme sera « modérément positif », de l’ordre de 17,7 milliards d’euros d’économies d’ici à 2030, relativise Fitch.
Pas de problème pour se financer
Pour étayer leur décision, les analystes de l’agence mettent en avant des prévisions de désendettement plus laborieuses que celles contenues dans le programme de stabilité que l’Exécutif vient d’envoyer à Bruxelles . Selon eux, le déficit public attendra 5 % du PIB cette année, contre 4,7 % en 2022, du fait d’une croissance plus faible qu’attendu et d’une hausse des dépenses indexées sur l’inflation, pour retrouver ce niveau l’année prochaine.
Précisément, Fitch table sur une croissance annuelle moyenne du PIB de 1,1 % d’ici à 2027, là où Bercy en attend 1,7 à 1,8 %. Les pressions sur les dépenses vont rester élevées, sans oublier la hausse des taux d’intérêt qui va peser sur la charge de la dette, même si la France n’a pas de problème à se refinancer.
Le contexte social, enfin, va peser, l’agence de notation estimant que « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) constituent un risque pour le programme de réformes de Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes. »
En dépit de cette décision, la France va continuer à se transformer, a assuré Bruno Le Maire à l’AFP. « Je crois que les faits infirment l’appréciation de l’agence Fitch. Nous sommes en mesure de faire passer des réformes structurantes pour le pays », a ajouté le ministre de l’Economie, citant la réforme de l’assurance chômage et celle des retraites. Fitch « sous évalue les conséquences des réformes », a-t-il ajouté.
Fitch est la première des trois principales agences de notation à rétrograder la note française depuis l’adoption de la réforme des retraites.
